Les bonnes pratiques de la collecte de données pour les bâtiments publics
On ne gère bien que ce que l’on connaît bien. Les collectivités ont donc tout intérêt à recueillir un maximum d’informations sur leur parc immobilier avant de chercher à optimiser ses performances. Quelles informations doivent-elles privilégier ? Avec de la méthode, la collecte de données apportera les meilleurs résultats. Mode d’emploi et bonnes pratiques par Régis-Emmanuel Ganet, chef de Produit chez Vertuoz by ENGIE. Hôtel de ville ou de région, écoles, collèges, lycées, gymnases, piscines, bibliothèque… Chauffage, climatisation, éclairage, data center… « En amont des projets d’efficacité énergétique, confie Régis-Emmanuel Ganet, un inventaire précis des biens immobiliers de la collectivité et des points de comptage et mesure que l’on veut prendre en compte, représente un exercice préalable incontournable. C’est même l’une des conditions indispensables pour faciliter l’analyse des données et ainsi prendre les bonnes décisions ensuite. » Second impératif : à quelle échelle veut-on récolter les informations ? « Préoccupons-nous de la maille temporelle d’abord, indique Régis-Emmanuel Ganet. La fréquence des mesures des données sera-t-elle mensuelle, quotidienne, voire horaire ? Pour l’ensemble du parc immobilier, la collectivité peut décider de recueillir les données de consommations à l’échelle du mois en exploitant les factures d’électricité, de gaz naturel, de fuel ou d’eau, qui contiennent déjà l’essentiel des informations pour tous les fluides de la collectivité. Mais lorsqu’elle s’intéresse à un bâtiment énergivore, la collectivité peut choisir de suivre les data à l’échelle quotidienne ou horaire. À une maille plus fine en effet, elle pourra mieux comprendre comment ce bâtiment consomme. » Même question sur le plan spatial : les données les plus utiles vont-elles être obtenues au niveau des compteurs généraux à l’échelle de tout le bâtiment ou à une granularité plus fine, sur les sous-compteurs à chaque étage de ce même bâtiment par exemple ?

Surfaces, occupants et localisation : les données "statiques" de référence

Une fois cet état de référence des bâtiments, des usages et de la précision établie, la collecte des données peut démarrer. À condition de bien les choisir. De la bonne description des bâtiments dépendra l’efficacité de l’analyse et des décisions prises. « Commençons par différentes informations purement immobilières, conseille Régis-Emmanuel Ganet. La description précise des bâtiments, le nombre de zones ou d’étages, les surfaces totales et les surfaces utiles, les surfaces chauffées, le nombre d’occupants… : tout ce qui peut permettre de comparer les bâtiments entre eux et faciliter l’analyse. » L’adresse des bâtiments et leur zone géographique ne doivent surtout pas être oubliées. Elles permettent de corréler les conditions météorologiques locales, avec les consommations. Si un bâtiment dépense beaucoup d’énergie à chauffer à 19 °C quand la température extérieure dépasse + 15 °C, il y a de quoi se poser des questions sur ses performances énergétiques ou sur le comportement des occupants !
« Évidemment, il convient aussi de rassembler la liste des points de comptage et de mesures existants, et ceux à ajouter le cas échéant, dans les bâtiments et les étages, poursuit Régis-Emmanuel Ganet. Cette liste devra mentionner le nom et l’identifiant des points de comptage et de mesure, ainsi que les fluides associés. N’oubliez pas non plus de répertorier les bâtiments et les zones desservis par les compteurs. Dernière recommandation : pensez à récupérer les données de contrats de fourniture. Elles permettent de connaître le coût des fluides. »

Factures, relèves, télérelèves : les données "dynamiques" mises à jour régulièrement

Passons maintenant aux informations liées aux consommations, les données dynamiques. Les factures sont des sources particulièrement intéressantes pour leur valeur comptable : non seulement elles indiquent les consommations d’énergie en kWh ou d’eau en m3, mais en plus elles affichent en parallèle les dépenses en euros (valeur comptable).
« L’intérêt des factures tient aussi dans la facilité avec laquelle on peut récupérer les données, explique Régis-Emmanuel Ganet. Si la saisie manuelle de lignes de données est envisageable pour les petites collectivités, l’importation de tableaux Excel depuis les sites web fournisseurs d’énergie est une solution plus pratique. Mieux : les collectivités peuvent confier cette mission de collecte à des plateformes logicielles, qui vont "aspirer" automatiquement les informations provenant des factures directement chez les fournisseurs. C’est simple et sans erreur. »
Autre source de données : les relèves manuelles réalisées régulièrement par les équipes techniques dans le cadre de la gestion des bâtiments. « Les collectivités sont par essence multi sites. La difficulté d’exploitation de ces relèves est qu’elles sont éparpillées sur un territoire plus ou moins étendu, réalisées par plusieurs interlocuteurs. La solution ? Les rassembler au sein d’une même solution web et les rationaliser. » Les bâtiments communicants, a minima instrumentés avec des capteurs, vont pouvoir, quant à eux, fournir aux collectivités des données de télérelève. Ce process automatique permet de récupérer une infinité de données à des fréquences rapides, avec des mesures plusieurs fois par jour voire à intervalles horaires. Transmises via les réseaux des bâtiments ou des télécoms et centralisées avec les informations des factures et des relèves manuelles, ces données vont enrichir les analyses pour les rendre plus précises et plus efficaces. Parfois, des données extérieures, liées à l’activité et à l’intensité d’usage du bâtiment, seront ajoutées : le nombre de visiteurs à la piscine ou le calendrier des vacances scolaires pour une école par exemple. « Comme vous le constatez, la majorité de ces informations sont déjà accessibles sans avoir besoin d’investir, conclut Régis-Emmanuel Ganet. Pour les analyser aisément, ces quatre typologies de données – factures, relèves, télérelèves et data extérieures – seront agrégées, croisées et visualisées dans un même outil, par exemple le tableau de bord énergétique Vertuoz, qui apporte une vision globale de tout le patrimoine immobilier de la collectivité, pour préparer des actions d’efficacité énergétique. » Ces données variées, provenant de sources diverses et d’interlocuteurs multiples, seront ainsi rendues synthétiques et intelligibles. Elles permettront non seulement d’analyser les consommations et les dépenses mais aussi de comparer les bâtiments. À partir de rapports fiables et documentés, les exploitants des collectivités pourront alors choisir les axes d’amélioration les plus adaptés pour optimiser les performances de leurs parcs immobiliers. Ce, sur des bases tangibles.

En résumé, les données à collecter

#Les données "statiques" de référence immobilière
  • Adresse et localisation des bâtiments
  • Description des bâtiments
  • Description des étages
  • Surfaces : totales, utiles, chauffées
  • Nombre d’occupants
  • Secteur d’activités des bâtiments
  • Contrat de fourniture des fluides
  • Plan de comptage et de mesures
  • Caractéristiques des points de comptage et de mesure (fluides, unités)
  • Répartition des points de comptage selon les bâtiments et les zones
#Les données "dynamiques" de consommation
  • Factures
  • Relèves manuelles
  • Télérelèves
  • Données externes (nombre de visiteurs à la piscine, informations météo…)
  • Posté le 14 décembre 2018
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  • Par Frederic Gaillot

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