Automation, impression 3D, industrie 4.0... La transformation numérique du secteur industriel est-elle désormais enclenchée ?
Pour moi, l’industrie 4.0 est clairement un mot à la mode. Comme le Big Data il y a quelques années et TQM dans les années 90, etc. Cela dit, il ne faut pas pour autant considérer que ces termes à la mode ne sont que « du vent ». En effet, ils apparaissent quand beaucoup de professionnels s'intéressent à un sujet particulier, à une pratique ou à une technologie. Il faut donc s’y intéresser tout en ayant conscience que ces termes sont souvent portés par un marketing efficace des acteurs qui ont un intérêt direct à les propager. Dans le cas de l’industrie 4.0, de nombreuses ressources ont ainsi été investies par les grands industriels pour diffuser ce concept. C’est une des raisons pour laquelle nous avons créé l'EMMA. Nous voulions aider les dirigeants à distinguer les mythes de la réalité. Pour mettre en place des programmes d'innovation véritablement efficaces au sein de leur propre entreprise, ils doivent développer leur sens critique.Les décideurs industriels semblent encore parfois rebutés par ces nouveaux concepts…
Au contraire, je pense qu'ils sont très intéressés ! Le problème n'est pas l'intérêt, mais plutôt l’absence de « boussole » pour comprendre et prioriser les opportunités réelles de ces nouvelles technologies pour leur entreprise. En outre, le niveau de familiarité des managers industriels avec les technologies numériques est très variable. Il subsiste une sorte de résistance inconsciente et émotionnelle qui est un vrai frein à l’action. C’est un autre point sur lequel l'EMMA doit faire la différence.Plus généralement, quelles sont les raisons qui ont guidé l'ESCP dans la création de cette nouvelle formation ?
De nombreux acteurs ne savent pas encore quoi faire avec ces nouvelles technologies industrielles… Ce statu quo peut s’avérer dangereux : ces entreprises risquent d'être victimes de la trajectoire exponentielle des innovations de rupture. Les nouveaux entrants comme Tesla démontrent déjà que l'innovation peut progresser à grande vitesse. Ceux qui ne profitent pas des nouvelles technologies voient leur destin menacé. Notre programme est donc conçu comme un laboratoire collaboratif où des managers, des professeurs et des experts travaillent ensemble pour créer une image plus claire de l’industrie 4.0. Nous devons rédiger ensemble une feuille de route qui déterminera les opportunités offertes par ces technologies. C’est pourquoi nous unissons nos forces avec COMAU pour lancer ce programme de formation sans équivalent sur le marché.Quels profils d'étudiants recherchez vous ?
Le recrutement est assez large : du cadre junior au cadre « intermédiaire » au sein des entreprises industrielles. La seule condition c’est de disposer d’un bon bagage technique. Notre formation s’adresse donc aussi bien à des gens qui travaillent dans les domaines de l'approvisionnement, de la conception, de la R&D, des produits, des process, etc. Nous souhaitons accompagner des personnes qui ont une forte passion pour l'innovation et qui ont l'ambition d'être des acteurs du changement. Une nouvelle génération de managers doit se mettre en mouvement. Nous voulons former les futurs leaders de l’industrie.Quelles sont les modalités pratiques de cette formation ?
Elle se compose d’abord de 5 modules d'une semaine à temps plein chacun. S’ajoute ensuite un apprentissage à distance et un projet d'entreprise à effectuer entre les modules. L’ensemble couvre une période d'un an. Pour certains profils, nous proposons également de ne suivre que la première semaine de formation en tant qu’ “indépendant” (pour un montant de 5 000 euros par participant). Concernant le contenu, nous ne proposons pas seulement des cours théoriques. Les managers sont également confrontés à la réalité concrète de l’industrie 4.0 : cas pratiques, rencontres avec des professionnels... Pour ceux qui souhaiteraient en savoir davantage, toutes les informations sont disponibles sur le site web de la formation.
| Le conseil de Vertuoz Industri.e
L’importance du rôle de l’enseignement supérieur dans la transformation digitale de l’industrie
Chez Vertuoz Industri.e, nous distinguons deux façons pour l’enseignement supérieur d’aider la digitalisation de l’industrie :- Un rôle prospectif : les enseignants chercheurs apportent un éclairage sur les enjeux liés aux nouvelles technologies – Big Data, intelligence artificielle, impression 3D, réalité virtuelle, etc., et donnent des clés aux dirigeants pour se les approprier dans leur domaine d’activité.
- Un rôle de massification de la transformation digitale à l’ensemble de l’organisation : par leur savoir faire, les enseignants créent des supports et médias innovants de type MOOCs, afin de répondre aux différents besoins de formation d’une entreprise (apprentissage de nouveaux métiers, reconversion des employés, etc.).