L’essor du numérique conduit le bâtiment à répondre à de nouvelles exigences : optimisation de la connectivité, demande accrue de services, sécurisation des réseaux, protection des données… Mais pendant longtemps, les bonnes pratiques dans ce domaine restaient à écrire. La situation a changé avec l’élaboration du label R2S (Ready2Services) par la SBA, en partenariat avec l’alliance HQE, et dont la certification est délivrée par Certivéa. R2S vise en effet à garantir la qualité des services digitaux et leur interopérabilité. Jean-Christophe Bourgeois, directeur Innovations et Internet des objets chez Vertuoz by ENGIE, détaille les caractéristiques du smart building R2S.
« La condition-clé pour qu’un bâtiment soit considéré comme un bâtiment intelligent ? Il doit être connecté à son environnement et communicant », affirme Jean-Christophe Bourgeois. En clair, il faut que les systèmes de chauffage, de climatisation, d’éclairage, ou de gestion du bâtiment, a priori de marques différentes, soient capables de communiquer et de parler d’une même voix. « C’est-à-dire qu’ils soient ouverts et interopérables, indique Jean-Christophe Bourgeois. Pour faire une analogie, comparons aux applications Apple qui longtemps ont été fermées et n’interopéraient pas avec celles du monde ouvert d’Android. Or le marché est en attente de solutions ouvertes pour partager des services. C’est la même situation dans le bâtiment. »
Un cadre référentiel unique qui s’adresse aux bâtiments neufs et existants
Afin de permettre aux bâtiments intelligents de tenir leurs promesses de connectivité, de services et de sécurisation, la SBA a développé un cadre de référence pour le bâtiment connecté et communicant, R2S. Le concept R2S s’adresse aux bâtiments neufs et existants et définit une architecture du bâtiment constituée de trois couches indépendantes et interchangeables : d’abord les objets connectés périphériques (capteurs et actionneurs, comme les sondes de température ou de présence et les vannes de radiateur), ensuite l’infrastructure réseau qui permet de remonter les informations, et enfin la couche du cloud, qui permet d’héberger, de faire circuler, de traiter les données afin de générer des services digitaux. À tout moment, il est possible de changer une des couches, sans modification des deux autres. R2S n’impose ainsi aucun système, prend en compte la diversité des solutions existantes et futures, et évite l’obsolescence numérique.
Quelles caractéristiques pour un smart building ?
« Un bâtiment doit nécessairement répondre à six caractéristiques pour faire émerger des services, précise Jean-Christophe Bourgeois. La première concerne la performance de l’accès à internet proposé par le bâtiment. La seconde est liée à l’architecture réseau du bâtiment, basée sur le standard IP (Internet Protocol) pour une circulation aisée des données à l’intérieur et à l’extérieur du bâtiment. La troisième caractéristique met en relation les équipements et les interfaces de communication installés dans le bâtiment, grâce à leur interopérabilité. » Les deux caractéristiques suivantes ont trait à la gouvernance du bâtiment. La quatrième est liée à la sécurité numérique RGPD (règlement général sur la protection des données), et décrit les mesures contre le cyber-piratage, pour renforcer la confiance des usagers du bâtiment. La cinquième caractéristique porte sur le « Management responsable » : l’exploitation du réseau et des données est structurée et contractualisée avec des acteurs compétents. Enfin, la sixième est relative aux usagers et concerne l’utilisation de la capacité de connectivité et de communication du bâtiment pour développer des services, a minima la mise en place d’une plateforme de suivi énergétique.
Une expérimentation dans les écoles de Paris
« C’est précisément ce que nous avons déployé avec la mairie de Paris dans le cadre d’un projet R2S, rapporte Jean-Christophe Bourgeois. Nous avons doté 140 écoles primaires de 16 000 objets connectés : capteurs de température, détecteurs de présence et vannes de radiateurs. Soixante autres écoles seront équipées en 2019. Dans ces établissements scolaires, dont certains datent du 19è siècle, nous avons privilégié l’utilisation de Vertuoz Pilot dans l’objectif de chauffer les salles de classe uniquement quand elles sont occupées. Ce système ouvert et interopérable, compatible avec le label R2S, devrait permettre de réduire significativement les consommations d’énergie tout en assurant le confort de dizaines de milliers d’élèves. »
Les nombreux intérêts d’une plateforme R2S
Les gestionnaires du bâtiment ont donc tout à gagner à s’équiper de plateforme R2S. Elle permet d’apporter plus de services aux usagers. Elle optimise les coûts d’énergie et d’exploitation. Elle garantit que la communication perdure entre des systèmes de marques différentes, améliorant ainsi la flexibilité et l’évolutivité des bâtiments. Elle permet d’accroître l’attractivité du bâtiment, pour des locataires potentiels. Le bâtiment est en effet à la fois tourné vers l’usager et interconnecté avec son environnement (écoquartier, mobilité, smartgrid…). Enfin, investir dans un bâtiment labellisé R2S permet de capitaliser pour les années à venir. « Ainsi le smart building s’inscrit dans la smart city, conclut Jean-Christophe Bourgeois. L’objectif de la SBA est d’ailleurs de proposer dès 2019 le concept Ready2Grids ou R2G, pour un bâtiment capable de s’ouvrir et de communiquer vers l’extérieur pour échanger avec les systèmes de distribution d’énergie. Ce bâtiment saura optimiser ses charges énergétiques, gérer son potentiel d’effacement, ou partager sa production d’énergie renouvelable avec d’autres bâtiments voisins. »