Immeubles de bureaux : l’innovation numérique transforme les modes de travail

L’environnement de travail se transforme à un rythme accéléré. En voie de disparition, le poste de travail fixe individuel est remplacé par d’autres modes plus agiles : le bureau flexible, où le salarié n’a pas de place attitrée, ou l’environnement dynamique, constitué d’espaces spécifiques en fonction des tâches. Mais ce qui séduit de plus en plus d’entreprises aujourd’hui, c’est l’émergence des NWoW ou New Ways of Working, la forme la plus aboutie de l’aménagement d’espaces de travail, basée sur la flexibilité de l’organisation et les outils numériques. Transformation des usages et des modes de travail, maîtrise des charges et gains de place sont au rendez-vous.

« Alors que la pression immobilière se fait de plus en plus forte, on estime que la moitié des bureaux sont inoccupés dans les entreprises en France, entre les réunions, les déplacements en clientèle, les congés ou le télétravail, affirme José Pereira, directeur du Développement Rénovation Tertiaire chez ENGIE. Face à ce constat, la logique immobilière et l’optimisation des m2 ont longtemps prévalu, conduisant à la diminution du nombre de postes de travail individuels dans les immeubles de bureaux et à l’émergence du Flex Office. Ce, jusqu’à ce que l’on perçoive une insatisfaction parmi les collaborateurs.»

Rares sont ceux en effet qui ont perçu le gain d’efficacité attendu après avoir quitté leur bureau individuel. L’environnement dynamique, qui propose des espaces spécifiques aux besoins, n’a guère fait mieux. En revanche, les NWoW, véritables outils de transformation culturelle de l’entreprise, rencontrent un vrai succès. Ils replacent l’humain au cœur de l’organisation, favorisant la collaboration, la créativité, la confiance, la responsabilisation, l’autonomie et l’agilité.

Une nouvelle philosophie du travail avec ses nombreux avantages

Bon nombre d’entreprises en France se sont récemment lancées sur la voie du NWoW. Le groupe ENGIE par exemple a d’ores et déjà déployé les outils nécessaires pour ses salariés et pour ses clients intéressés par le concept. Tous les collaborateurs sont concernés, managers compris, qui, eux aussi, abandonnent leurs bureaux fermés pour rejoindre la multitude d’espaces partagés disponibles. Direction et salariés accèdent plus facilement les uns aux autres. C’est fluide, transversal et efficace. Les atouts des NWoW sont nombreux, en matière de qualité de vie au travail, de créativité et de productivité. Peu importe la manière dont le collaborateur exécute ses tâches, l’essentiel est dans le résultat. Il a toute la latitude pour faire preuve d’initiative. Les NWoW conduisent à nouer de nouveaux liens par le biais de rencontres au fil des déplacements.

« Les NWoW contribuent aussi à l’attractivité de nouveaux talents, assure José Pereira. Lorsqu’un candidat constate que les collaborateurs se sentent bien dans leur entreprise, que les conditions de travail sont épanouissantes, sans contrainte, il aura envie de la rejoindre… et d’y rester. »

Configuration du bâtiment, nouveaux aménagements et confort au travail

Aussi séduisants soient-ils, les NWoW se préparent. En matière d’aménagement, d’abord. Les locaux doivent avoir la capacité d’accueillir une grande variété d’espaces de travail adaptés aux différentes activités de chaque journée (workshop en mode projet, échange avec des clients, tâches administratives…) : phone boxes, bulles, espaces ouverts, workcafés, salles de réunion modulables et équipées pour la visio-conférence…

Ensuite, les NWoW nécessitent d’accompagner les collaborateurs dans l’appropriation de leur nouveau mode de travail. Pas simple de se retrouver du jour au lendemain sans un lieu fixe où travailler, sans ses repères personnels. « C’est la raison pour laquelle les NWoW impliquent un soutien total de la Direction, note José Pereira. Les NWoW cassent les codes de la hiérarchie classique. Ce peut être déstabilisant sans accompagnement. » Il faut donc veiller à prendre le temps de communiquer et de former les collaborateurs aux nouveaux modes de travail.

Wifi, 4G, applications digitales : les nouvelles technologies au service des NWoW

Surtout, n’oublions pas que l’essor des NWoW s’explique en grande partie par la digitalisation des entreprises et par le développement des immeubles de bureaux connectés aux utilisateurs mais aussi à l’environnement extérieur. D’ailleurs, 84 % des salariés évoluant dans un cadre de travail NWoW assurent que les outils numériques ont un impact positif sur leur efficacité. « Sans digital, pas de NWoW, insiste José Pereira. Le wifi et la 4G doivent être présents dans tous les espaces. Tous les ordinateurs de bureaux sont remplacés par des portables et tous les téléphones fixes par des smartphones. J’ajoute que les dossiers papier n’ont plus leur place dans le cadre NWoW pour éviter de les transporter de zone en zone : tous les documents de travail sont digitalisés ! » Pour exploiter tout le potentiel de l’environnement NWoW, des outils digitaux ont été développés. Le salarié peut bénéficier d’une application équipée de géolocalisation indoor, pour retrouver facilement l’équipe avec laquelle il collabore par exemple, chercher un espace d’activité, les guider vers la salle de réunion ou la bulle de confidentialité libre la plus proche.

 

« Dans la Tour ENGIE, nos collaborateurs disposent de l’application Vertuoz Office sur leur smartphone, leur permettant d’interagir avec leur environnement. Ils peuvent réserver des salles de réunion selon les besoins et la configuration souhaités pour leur activité, » confie José Pereira.

Autre usage innovant : des capteurs permettent de remonter en dynamique les informations d’occupation du site à la Direction immobilière, dans un objectif d’analyse, de calibrage et d’optimisation des espaces. L’application supervise également la température, l’éclairage et la qualité de l’air intérieur, et offre aux collaborateurs la possibilité de conserver le contrôle de leur confort.

« Dans le cadre des NWoW, nous sommes particulièrement attentifs au bien-être et au confort thermique, acoustique et visuel des usagers, conclut José Pereira. La qualité de vie au travail est clé pour l’efficacité des collaborateurs. Saviez-vous en effet qu’un salarié heureux aura 31 % plus de productivité ? Cela vaut le coup d’essayer ! »

Quels sont les leviers pour optimiser la performance énergétique des bâtiments tertiaires ?

La collecte de données est un levier indispensable pour agir sur la performance des bâtiments tertiaires, mais ce n’est pas suffisant. Cette donnée doit impérativement être qualifiée – ce qui exige l’intervention d’une expertise d’acquisition – facilement accessible et utilisable par les différentes parties prenantes du bâtiment. Elle doit également être à valeur ajoutée, notamment pour nourrir un contrat d’obligation de résultat. Explications par Samir Boukhalfa, responsable marketing chez Vertuoz by ENGIE.

Dans le tertiaire, le responsable de l’immobilier cherche en permanence à concilier économies d’énergie et confort des occupants. Quel levier peut-il actionner pour améliorer cette performance du bâtiment ?

Samir Boukhalfa – Avant toute démarche d’économie, il est important de savoir ce que l’on consomme. Collecter les données énergétiques et les factures, chercher à comprendre les usages et le fonctionnement du bâtiment sont les premières actions à conduire. C’est même un levier incontournable de la performance énergétique du bâtiment, qui peut apporter 10 à 20 % d’économie sans investissement, uniquement en adoptant des gestes économes et des réglages appropriés. Pas besoin d’installer des nouveaux compteurs partout dans le bâtiment. Il suffit déjà d’exploiter la donnée existante dans le bâtiment, comme les compteurs généraux et les factures. Bien entendu, pour exploiter plus finement le bâtiment, il est possible d’améliorer la connaissance des usages et des espaces, grâce aux objets connectés, comme des capteurs de présence ou des détecteurs d’ouverture sur les fenêtres et les portes. Quoiqu’il en soit, il faut que les systèmes qui fournissent les données « parlent un langage commun », c’est-à-dire qu’ils utilisent les mêmes protocoles de communication – bref, qu’ils soient ouverts et interopérables.

Et surtout, il faut que la donnée soit « qualifiée », c’est-à-dire qu’elle soit digérée, interprétée, rendue intelligible. La qualification de donnée et la création de valeur par les algorithmes et le prédictif sont des pré-requis aussi importants que la collecte, pour générer de la performance. Pour qualifier cette donnée, le gestionnaire du bâtiment peut être accompagné par un expert de la performance énergétique, qui l’aidera à choisir les données les plus pertinentes et lui fournira des clés ou des outils d’interprétation. Il peut aussi utiliser une plateforme d’analyse, capable de rendre ses données directement lisibles, sans qu’il soit spécialiste. Les savoir-faire d’experts et les outils numériques peuvent ainsi combiner leurs effets, pour aider le gestionnaire à prendre les meilleures solutions.

Comment ces données vont-elles optimiser la performance énergétique des bâtiments ?

Samir Boukhalfa – Ces données traitées et digérées vont être « décloisonnées », pour être partagées par tous les acteurs du bâtiment : le gestionnaire, les parties prenantes (en particulier les techniciens de maintenance) et les usagers. Ce partage d’informations constitue un second levier d’une performance énergétique réussie. Elle dépend en effet de l’intervention de toute une chaîne d’acteurs. L’amélioration de la performance est un projet collectif. Il faut donc imaginer que le gestionnaire, le mainteneur et les usagers partagent une plateforme commune (avec des accès différenciés) pour communiquer ensemble et agir chacun à leurs niveaux.

Grâce à la supervision et l’analyse, le gestionnaire pourra faire des choix techniques et des stratégies d’investissements adaptés à la performance attendue. Il pourra communiquer avec ses parties prenantes pour un meilleur suivi des équipements et renforcer le dialogue avec les occupants de son bâtiment pour les sensibiliser aux éco-gestes par exemple.

Le mainteneur, lui, pourra suivre l’état des installations et recevra des alertes. Le numérique lui permettra ainsi d’anticiper l’entretien, avant tout dysfonctionnement. Et en cas de panne, le mainteneur pourra même prendre en main les équipements à distance. Ou, s’il se déplace, il aura déjà sur place une idée précise du réglage à effectuer ou de la réparation à réaliser. C’est, pour le mainteneur, plus de temps gagné et plus d’efficacité opérationnelle. Pour le bâtiment, c’est l’assurance d’une performance en continu.

Côté usager, le numérique offre l’opportunité d’être sensibilisé aux dépenses d’énergie, tout en gardant le contrôle et le pilotage de son confort (température dans son espace de travail, ouverture des stores ou intensité de la lumière). Le gestionnaire du bâtiment remportera ainsi plus facilement l’adhésion de l’usager sur la performance énergétique, tout en garantissant un niveau de service et de confort adapté.

Comment s’assurer que ces optimisations de performance perdurent dans le bâtiment ?

Samir Boukhalfa – Pour être certain que cette performance se poursuive durant toute la période d’exploitation, le maître d’ouvrage a tout intérêt à souscrire un contrat d’obligation de résultat. Les avantages ? Garantir la performance dans le temps, sécuriser les éventuels investissements et éviter les effets rebonds – une dérive par exemple. Dans ce cadre, le numérique représente là aussi une aide précieuse. Il permet de quantifier des objectifs chiffrés (par exemple en kWh/m2/an ou en euros), de mesurer et tracer les consommations et les dépenses, de vérifier en continu les performances du bâtiment et les écarts. En d’autres termes, un tiers de confiance et un juge de paix pour une performance énergétique durable !

Label R2S dans le smart building : l’open data à tous les étages !

L’essor du numérique conduit le bâtiment à répondre à de nouvelles exigences : optimisation de la connectivité, demande accrue de services, sécurisation des réseaux, protection des données… Mais pendant longtemps, les bonnes pratiques dans ce domaine restaient à écrire. La situation a changé avec l’élaboration du label R2S (Ready2Services) par la SBA, en partenariat avec l’alliance HQE, et dont la certification est délivrée par Certivéa. R2S vise en effet à garantir la qualité des services digitaux et leur interopérabilité. Jean-Christophe Bourgeois, directeur Innovations et Internet des objets chez Vertuoz by ENGIE, détaille les caractéristiques du smart building R2S.

 

« La condition-clé pour qu’un bâtiment soit considéré comme un bâtiment intelligent ? Il doit être connecté à son environnement et communicant », affirme Jean-Christophe Bourgeois. En clair, il faut que les systèmes de chauffage, de climatisation, d’éclairage, ou de gestion du bâtiment, a priori de marques différentes, soient capables de communiquer et de parler d’une même voix. « C’est-à-dire qu’ils soient ouverts et interopérables, indique Jean-Christophe Bourgeois. Pour faire une analogie, comparons aux applications Apple qui longtemps ont été fermées et n’interopéraient pas avec celles du monde ouvert d’Android. Or le marché est en attente de solutions ouvertes pour partager des services. C’est la même situation dans le bâtiment. »

Un cadre référentiel unique qui s’adresse aux bâtiments neufs et existants

Afin de permettre aux bâtiments intelligents de tenir leurs promesses de connectivité, de services et de sécurisation, la SBA a développé un cadre de référence pour le bâtiment connecté et communicant, R2S. Le concept R2S s’adresse aux bâtiments neufs et existants et définit une architecture du bâtiment constituée de trois couches indépendantes et interchangeables : d’abord les objets connectés périphériques (capteurs et actionneurs, comme les sondes de température ou de présence et les vannes de radiateur), ensuite l’infrastructure réseau qui permet de remonter les informations, et enfin la couche du cloud, qui permet d’héberger, de faire circuler, de traiter les données afin de générer des services digitaux. À tout moment, il est possible de changer une des couches, sans modification des deux autres. R2S n’impose ainsi aucun système, prend en compte la diversité des solutions existantes et futures, et évite l’obsolescence numérique.

Quelles caractéristiques pour un smart building ?

« Un bâtiment doit nécessairement répondre à six caractéristiques pour faire émerger des services, précise Jean-Christophe Bourgeois. La première concerne la performance de l’accès à internet proposé par le bâtiment. La seconde est liée à l’architecture réseau du bâtiment, basée sur le standard IP (Internet Protocol) pour une circulation aisée des données à l’intérieur et à l’extérieur du bâtiment. La troisième caractéristique met en relation les équipements et les interfaces de communication installés dans le bâtiment, grâce à leur interopérabilité. » Les deux caractéristiques suivantes ont trait à la gouvernance du bâtiment. La quatrième est liée à la sécurité numérique RGPD (règlement général sur la protection des données), et décrit les mesures contre le cyber-piratage, pour renforcer la confiance des usagers du bâtiment. La cinquième caractéristique porte sur le « Management responsable » : l’exploitation du réseau et des données est structurée et contractualisée avec des acteurs compétents. Enfin, la sixième est relative aux usagers et concerne l’utilisation de la capacité de connectivité et de communication du bâtiment pour développer des services, a minima la mise en place d’une plateforme de suivi énergétique.

Une expérimentation dans les écoles de Paris

« C’est précisément ce que nous avons déployé avec la mairie de Paris dans le cadre d’un projet R2S, rapporte Jean-Christophe Bourgeois. Nous avons doté 140 écoles primaires de 16 000 objets connectés : capteurs de température, détecteurs de présence et vannes de radiateurs. Soixante autres écoles seront équipées en 2019. Dans ces établissements scolaires, dont certains datent du 19è siècle, nous avons privilégié l’utilisation de Vertuoz Pilot dans l’objectif de chauffer les salles de classe uniquement quand elles sont occupées. Ce système ouvert et interopérable, compatible avec le label R2S, devrait permettre de réduire significativement les consommations d’énergie tout en assurant le confort de dizaines de milliers d’élèves. »

Les nombreux intérêts d’une plateforme R2S

Les gestionnaires du bâtiment ont donc tout à gagner à s’équiper de plateforme R2S. Elle permet d’apporter plus de services aux usagers. Elle optimise les coûts d’énergie et d’exploitation. Elle garantit que la communication perdure entre des systèmes de marques différentes, améliorant ainsi la flexibilité et l’évolutivité des bâtiments. Elle permet d’accroître l’attractivité du bâtiment, pour des locataires potentiels. Le bâtiment est en effet à la fois tourné vers l’usager et interconnecté avec son environnement (écoquartier, mobilité, smartgrid…). Enfin, investir dans un bâtiment labellisé R2S permet de capitaliser pour les années à venir. « Ainsi le smart building s’inscrit dans la smart city, conclut Jean-Christophe Bourgeois. L’objectif de la SBA est d’ailleurs de proposer dès 2019 le concept Ready2Grids ou R2G, pour un bâtiment capable de s’ouvrir et de communiquer vers l’extérieur pour échanger avec les systèmes de distribution d’énergie. Ce bâtiment saura optimiser ses charges énergétiques, gérer son potentiel d’effacement, ou partager sa production d’énergie renouvelable avec d’autres bâtiments voisins. »

Agroalimentaire : des gains énergétiques conséquents en optimisant vos flux d’air

L’industrie agroalimentaire consomme beaucoup d’énergie pour assurer la maîtrise de la température et la qualité d’air des zones de travail. Bien souvent, quelques actions simples permettent de réaliser des économies substantielles. En voici quelques exemples, pour des ateliers emblématiques de l’industrie agroalimentaire : la salle de cuisson et son extraction d’air d’une part, et l’atelier de confection/conditionnement avec sa centrale de traitement d’air d’autre part.

 

Maîtriser l’extraction d’air en salle de cuisson

Les industriels de l’agroalimentaire sont nombreux à faire face au même dilemme : réduire l’exposition à la chaleur de leur personnel en ventilant abondamment les ateliers de cuisson et éviter de contaminer les produits en sortie de four avec un air de refroidissement grossièrement filtré. Pourtant, il est possible de combiner harmonieusement ces enjeux, et quasiment sans CAPEX !

Le refroidissement est généralement confié à des extracteurs d’air, plaçant la salle de cuisson en dépression. Plusieurs dizaines de milliers de m3/h d’air chaud sont ainsi aspirés et remplacés par de l’air « neuf » à température ambiante. « La qualité de cet air neuf peut être très discutable, estime Yves Bergeron, Consultant Industrie. Les prises d’air sont par exemple situées au ras du sol dans l’atelier de maintenance. Les vitesses d’air sont telles que l’effet d’envolement est important. Et celui-ci est en général simplement préfiltré, car il est difficile de filtrer finement de tels flux d’air ». Dans la démarche d’optimisation, une fois n’est pas coutume, la maîtrise de l’énergie et de la qualité microbiologique se rejoignent : le premier levier de progrès concerne l’ajustement de l’extraction d’air au minimum nécessaire pour assurer une température de travail acceptable.

 

  |  Un cas concret dans une usine de pain de mie tranché

« Le niveau d’extraction était tellement important qu’il aspirait l’air depuis l’autre extrémité de l’usine (la zone de stockage après conditionnement). En arrêtant un des trois extracteurs, l’impact sur la température de la salle de cuisson s’est avéré négligeable, et le phénomène d’aspiration d’air sale a été éliminé. En outre, un tiers de l’énergie consommée a été économisé ! » raconte Yves Bergeron.

 

Une autre action très simple consiste à s’assurer que l’extraction ne fonctionne que lorsqu’on en a besoin. Ne démarre-t-elle pas trop tôt, alors que le four et la salle sont encore froids ? Ne s’arrête-t-elle pas trop tard ? « Le nombre et/ou le niveau de marche des extracteurs doivent être ajustés en fonction de la météo (température extérieure et ensoleillement), mais aussi de l’activité de la salle elle-même » propose Yves Bergeron.

 

Optimiser le point de fonctionnement de la centrale de traitement d’air

Plantons le décor : la centrale de traitement d’air permet d’assurer la conformité de l’air de la salle pendant la production, par rapport à la norme applicable (température de la salle, qualité microbiologique de l’air).

Première piste de travail : optimiser l’énergie dépensée pendant les périodes de hors production. L’enjeu est d’autant plus important si l’atelier tourne peu. Rappelons qu’un atelier qui fonctionne 8 heures par jour, 5 jours par semaine, est trois fois plus souvent hors production qu’en production !

Rappelons que le taux de renouvellement d’air imposé par la norme pendant la production a été calculé pour éliminer la contamination apportée par les flux entrants dans l’atelier (produit, emballages, personnels…).

Hors production et hors maintenance, lorsque les portes des ateliers sont fermées et qu’il n’y a aucun flux, ce taux de renouvellement peut être fortement diminué, tout en assurant la qualité microbiologique de l’air nécessaire.

La contrainte imposée sur la température de la salle en production est également très probablement excessive hors production. « La norme ne s’applique pas puisqu’il n’y a alors pas de production, même s’il faut bien évidemment s’assurer (et pouvoir prouver) que la qualité de l’air reste maîtrisée, et sera conforme à la norme dès le début de production, rappelle Yves Bergeron. Des actions d’accompagnement classiques hors production consistent à consigner les portes, boucher les ouvertures et couvrir les équipements. Et on sera surpris de constater que la qualité du début de production est souvent fortement améliorée par rapport à la qualité obtenue en laissant la centrale de traitement d’air à fond pendant les arrêts de production. »

Ce premier succès légitime la remise en question d’une croyance : « On fait tourner la centrale de traitement d’air à fond. Comme ça on n’a pas de problème ! ». Un petit effort préalable est cependant indispensable : il faut bien connaître la norme applicable. En effet, la bonne compréhension de la norme permet de challenger positivement les responsables qualité et de définir avec eux le point de fonctionnement nécessaire pour le niveau d’activité le plus exigeant. Il devient dès lors possible, en procédant par étapes entrecoupées de longues périodes d’observation, de réduire graduellement le niveau de marche de la centrale de traitement d’air jusqu’à ce point de fonctionnement. Sur certains ateliers, il est même possible d’aller plus loin. « Les besoins réels de renouvellement d’air peuvent dépendre très fortement de l’activité, calcule Yves Bergeron, du nombre de personnes présentes, du flux de produits, d’emballages… Si le produit est tranché et génère beaucoup de particules, ou s’il est refroidi en salle et génère de l’humidité… ». Il n’est pas rare que l’activité la plus exigeante soit en réalité peu fréquente. L’optimisation peut alors se poursuivre pour les niveaux d’activité courants.

 

Piloter vraiment pour gagner tout le temps

À l’évidence, adapter le niveau de marche des extracteurs d’air et des centrales de traitement d’air au niveau d’activité et aux conditions météorologiques augmente la complexité. « Une supervision centralisée prend ici tout son sens. D’abord pour historiser sereinement les états de fonctionnement, les rapprocher des données de production, et analyser leurs conséquences énergétiques, à l’échelle de chaque salle. Mais aussi pour identifier les réglages efficaces et les propager à d’autres ateliers. Il n’est pas nécessaire d’aller jusqu’au contrôle-commande, la diffusion de consignes simples avec les plans de production suffit en général » propose Yves Bergeron. Prévoyez une bonne année pour constituer un corpus de données suffisant, puis récoltez les fruits énergétiques : la division par deux de votre consommation est tout à fait envisageable !

Les bonnes pratiques de la collecte de données pour les bâtiments publics

On ne gère bien que ce que l’on connaît bien. Les collectivités ont donc tout intérêt à recueillir un maximum d’informations sur leur parc immobilier avant de chercher à optimiser ses performances. Quelles informations doivent-elles privilégier ? Avec de la méthode, la collecte de données apportera les meilleurs résultats. Mode d’emploi et bonnes pratiques par Régis-Emmanuel Ganet, chef de Produit chez Vertuoz by ENGIE.

Hôtel de ville ou de région, écoles, collèges, lycées, gymnases, piscines, bibliothèque… Chauffage, climatisation, éclairage, data center… « En amont des projets d’efficacité énergétique, confie Régis-Emmanuel Ganet, un inventaire précis des biens immobiliers de la collectivité et des points de comptage et mesure que l’on veut prendre en compte, représente un exercice préalable incontournable. C’est même l’une des conditions indispensables pour faciliter l’analyse des données et ainsi prendre les bonnes décisions ensuite. »

Second impératif : à quelle échelle veut-on récolter les informations ? « Préoccupons-nous de la maille temporelle d’abord, indique Régis-Emmanuel Ganet. La fréquence des mesures des données sera-t-elle mensuelle, quotidienne, voire horaire ? Pour l’ensemble du parc immobilier, la collectivité peut décider de recueillir les données de consommations à l’échelle du mois en exploitant les factures d’électricité, de gaz naturel, de fuel ou d’eau, qui contiennent déjà l’essentiel des informations pour tous les fluides de la collectivité. Mais lorsqu’elle s’intéresse à un bâtiment énergivore, la collectivité peut choisir de suivre les data à l’échelle quotidienne ou horaire. À une maille plus fine en effet, elle pourra mieux comprendre comment ce bâtiment consomme. »

Même question sur le plan spatial : les données les plus utiles vont-elles être obtenues au niveau des compteurs généraux à l’échelle de tout le bâtiment ou à une granularité plus fine, sur les sous-compteurs à chaque étage de ce même bâtiment par exemple ?

Surfaces, occupants et localisation : les données « statiques » de référence

Une fois cet état de référence des bâtiments, des usages et de la précision établie, la collecte des données peut démarrer. À condition de bien les choisir. De la bonne description des bâtiments dépendra l’efficacité de l’analyse et des décisions prises. « Commençons par différentes informations purement immobilières, conseille Régis-Emmanuel Ganet. La description précise des bâtiments, le nombre de zones ou d’étages, les surfaces totales et les surfaces utiles, les surfaces chauffées, le nombre d’occupants… : tout ce qui peut permettre de comparer les bâtiments entre eux et faciliter l’analyse. » L’adresse des bâtiments et leur zone géographique ne doivent surtout pas être oubliées.

Elles permettent de corréler les conditions météorologiques locales, avec les consommations. Si un bâtiment dépense beaucoup d’énergie à chauffer à 19 °C quand la température extérieure dépasse + 15 °C, il y a de quoi se poser des questions sur ses performances énergétiques ou sur le comportement des occupants !

« Évidemment, il convient aussi de rassembler la liste des points de comptage et de mesures existants, et ceux à ajouter le cas échéant, dans les bâtiments et les étages, poursuit Régis-Emmanuel Ganet. Cette liste devra mentionner le nom et l’identifiant des points de comptage et de mesure, ainsi que les fluides associés. N’oubliez pas non plus de répertorier les bâtiments et les zones desservis par les compteurs. Dernière recommandation : pensez à récupérer les données de contrats de fourniture. Elles permettent de connaître le coût des fluides. »

Factures, relèves, télérelèves : les données « dynamiques » mises à jour régulièrement

Passons maintenant aux informations liées aux consommations, les données dynamiques. Les factures sont des sources particulièrement intéressantes pour leur valeur comptable : non seulement elles indiquent les consommations d’énergie en kWh ou d’eau en m3, mais en plus elles affichent en parallèle les dépenses en euros (valeur comptable).

« L’intérêt des factures tient aussi dans la facilité avec laquelle on peut récupérer les données, explique Régis-Emmanuel Ganet. Si la saisie manuelle de lignes de données est envisageable pour les petites collectivités, l’importation de tableaux Excel depuis les sites web fournisseurs d’énergie est une solution plus pratique. Mieux : les collectivités peuvent confier cette mission de collecte à des plateformes logicielles, qui vont « aspirer » automatiquement les informations provenant des factures directement chez les fournisseurs. C’est simple et sans erreur. »

Autre source de données : les relèves manuelles réalisées régulièrement par les équipes techniques dans le cadre de la gestion des bâtiments. « Les collectivités sont par essence multi sites. La difficulté d’exploitation de ces relèves est qu’elles sont éparpillées sur un territoire plus ou moins étendu, réalisées par plusieurs interlocuteurs. La solution ? Les rassembler au sein d’une même solution web et les rationaliser. »

Les bâtiments communicants, a minima instrumentés avec des capteurs, vont pouvoir, quant à eux, fournir aux collectivités des données de télérelève. Ce process automatique permet de récupérer une infinité de données à des fréquences rapides, avec des mesures plusieurs fois par jour voire à intervalles horaires. Transmises via les réseaux des bâtiments ou des télécoms et centralisées avec les informations des factures et des relèves manuelles, ces données vont enrichir les analyses pour les rendre plus précises et plus efficaces.

Parfois, des données extérieures, liées à l’activité et à l’intensité d’usage du bâtiment, seront ajoutées : le nombre de visiteurs à la piscine ou le calendrier des vacances scolaires pour une école par exemple. « Comme vous le constatez, la majorité de ces informations sont déjà accessibles sans avoir besoin d’investir, conclut Régis-Emmanuel Ganet. Pour les analyser aisément, ces quatre typologies de données – factures, relèves, télérelèves et data extérieures – seront agrégées, croisées et visualisées dans un même outil, par exemple le tableau de bord énergétique Vertuoz, qui apporte une vision globale de tout le patrimoine immobilier de la collectivité, pour préparer des actions d’efficacité énergétique. »

Ces données variées, provenant de sources diverses et d’interlocuteurs multiples, seront ainsi rendues synthétiques et intelligibles. Elles permettront non seulement d’analyser les consommations et les dépenses mais aussi de comparer les bâtiments. À partir de rapports fiables et documentés, les exploitants des collectivités pourront alors choisir les axes d’amélioration les plus adaptés pour optimiser les performances de leurs parcs immobiliers. Ce, sur des bases tangibles.

En résumé, les données à collecter

#Les données « statiques » de référence immobilière

  • Adresse et localisation des bâtiments
  • Description des bâtiments
  • Description des étages
  • Surfaces : totales, utiles, chauffées
  • Nombre d’occupants
  • Secteur d’activités des bâtiments
  • Contrat de fourniture des fluides
  • Plan de comptage et de mesures
  • Caractéristiques des points de comptage et de mesure (fluides, unités)
  • Répartition des points de comptage selon les bâtiments et les zones

#Les données « dynamiques » de consommation

  • Factures
  • Relèves manuelles
  • Télérelèves
  • Données externes (nombre de visiteurs à la piscine, informations météo…)