Six Sigma, Lean et la Théorie des contraintes sont trois méthodes d’amélioration de la performance industrielle qui ont pour point commun de reposer sur une approche systémique. Fondateur du cabinet de conseil Interaxys, José Gramdi présente les atouts de ces trois méthodes et livre ses conseils aux industriels désireux de se lancer.
1. Six Sigma
Concept
La méthode Six Sigma vise à maîtriser la variabilité dans les processus de production. Elle permet d’identifier les facteurs de variabilité qui peuvent avoir un impact sur la qualité de la production et sur la performance, par exemple énergétique. Ceux-ci peuvent être connus ou non, maîtrisés ou subis. En pratique, la variabilité dépend ainsi souvent d’un ou plusieurs des « 5 M » : Milieu, Main-d’œuvre, Matières, Matériel (ou machine), Méthodes.
| Avis d’expert
« Avec l’approche Six Sigma, je vais pouvoir trouver des astuces, des règles ou des procédures qui vont permettre de maîtriser les sorties de mon processus. Au niveau d’une usine, cette méthode va permettre d’analyser la variabilité des Indicateurs de Performance Énergétique (IPE) lié à chaque Usage Énergétique Significatif (UES) ; d’identifier les réglages opératoires associés à la meilleure performance stable et de mesurer le potentiel de gain. Les équipes pourront ensuite standardiser leurs pratiques de conduite contribuant à l’amélioration de la performance énergétique ».
2. Lean
Concept
La méthode Lean s’intéresse au temps nécessaire d’un processus pour transformer les entrées en sorties. Ce temps de traversée (Lead Time) est considéré comme une source d’amélioration et donc un gain potentiel de performance. La méthode Lean va analyser toutes les étapes du processus (de la commande à la livraison) afin d’identifier toutes les tâches à non valeur ajoutée. L’objectif c’est d’être plus réactif et donc de réduire les Lead Times.
| Avis d’expert
« Par exemple, dans une conserverie, après l’étape de stérilisation, les équipes opérationnelles avaient l’habitude de remplir la chambre froide de palettes en continu jusqu’à saturation de l’espace afin qu’elles atteignent 20°C. La méthode Lean a permis d’éviter les surconsommations des groupes froids, grâce à une réorganisation du refroidissement des palettes. Un nombre minimum de palettes à mettre dans cette chambre froide a été défini pour un refroidissement plus rapide. En acceptant de stocker les palettes en amont et de les envoyer par lot, les équipes ont optimisé la capacité de production de la ligne et ont diminué le besoin en froid ».
3. Théorie des contraintes
Concept
La Théorie des contraintes vise à améliorer la quantité d’éléments que le processus est capable de livrer par unité de temps. Selon cette théorie, le débit du processus ne dépend que d’une seule de ses ressources, appelée « goulet d’étranglement ». Pour améliorer la performance, l’objectif n’est donc pas de travailler sur toutes les ressources mais plutôt d’identifier ce goulet d’étranglement et d’améliorer son débit. Grâce à cette seule intervention, l’ensemble du processus sera plus performant.
| Avis d’expert
« Concrètement, le goulet d’étranglement, c’est l’endroit où se créent des files d’attente. Pour l’identifier, il suffit parfois de simplement faire un tour de l’atelier et fonctionner à l’instinct. Des produits en attente sur une zone ? C’est sans doute ici que se trouve le goulet d’étranglement. On peut également rechercher ce point critique de façon plus scientifique. Il faut alors analyser les durées de fabrication de tous les produits. Et donc identifier la machine qui a le taux de charge le plus élevé ».
4- Avant de se lancer
> Certains dirigeants industriels pensent parfois qu’il faut trancher entre l’une des trois méthodes : Six Sigma, Lean, Théorie des contraintes. C’est une erreur car les trois approches ne se font pas concurrence, elles peuvent même dans certains cas parfaitement se combiner.
> Il faut refuser les effets de mode qui incitent certains dirigeants à opter pour telle ou telle méthode, sans analyse préalable. Ce serait comme prescrire le même médicament pour toutes les maladies. Il faut savoir utiliser la bonne méthode, au bon endroit, au bon moment. Cela passe par un diagnostic sérieux de son site industriel.
Pour aller plus loin
Lire l’article « Industrial performance: new paths to excellence » (march 2017)
À propos de José Gramdi (CEO d’Interaxys)
Ingénieur en robotique de formation, José Gramdi a d’abord exercé comme consultant en informatique industrielle pendant une quinzaine d’années avant de rejoindre l’Université de technologie de Troyes en 2002 comme enseignant-chercheur. En 2014, il fonde le cabinet de conseil Interaxys avec trois associés.
Sources
Article / Excellence industrielle (janvier 2013)
https://www.techniques-ingenieur.fr/base-documentaire/procedes-chimie-bio-agro-th2/industrialisation-des-procedes-et-usine-du-futur-42602210/excellence-industrielle-ag4110/
Livre / « La boucle vertueuse de l’excellence » (octobre 2013)
https://www.amazon.fr/Vertueuse-lExcellence-harmonieusement-Management-Contraintes/dp/2362331156