Pour optimiser vos groupes froids et tours de refroidissement

Les groupes froids peuvent être complexes à opérer, surtout lorsqu’ils sont couplés entre eux et connectés à une ou plusieurs tours de refroidissement. Leurs performances énergétiques sont en effet étroitement liées à l’efficience de leurs sous-systèmes (compresseurs, pompes, échangeurs, évaporateurs…) ayant chacun un rendement nominal et optimal… Ils sont également extrêmement dépendants de leur environnement (tours de refroidissement, pompes de distribution, réseau, etc). Passons en revue quelques solutions pour en améliorer les performances énergétiques.

 

Avant d’agir : instrumenter pour mesurer le COP global

B.A.-BA de la démarche d’optimisation, le monitoring des groupes froids et des tours de refroidissement est un préalable à toute action correctrice. Il s’agit non seulement de déterminer le COefficient de Performance de chaque groupe et tour (via des mesures de débit, de température d’entrée et de sortie, et de consommation électrique) mais surtout de construire un COP global, intégrant les pompes de distributions, les auxiliaires, les consommations des tours aéroréfrigérantes, et tenant compte de la rigueur climatique (température et hygrométrie). L’idéal étant bien sûr de construire un historique de données d’une année afin de couvrir toutes les saisons et un maximum de conditions de production.

 

1- Investir dans une nouvelle technologie de production de froid

Les groupes les plus récents, à paliers magnétiques, sont particulièrement performants avec un COP atteignant aisément 7 ou 8 (contre 3 ou 4 pour un compresseur classique). Ces groupes froids sont très modulables et ne perdent pas en efficacité car ils contiennent plusieurs petits compresseurs qui démarrent en cascade. Ils sont en revanche très coûteux. En absence de budget, l’ajout de variateurs de puissance sur les compresseurs et pompes existants peut améliorer significativement les consommations.

Potentiel de gains : de 20 à près de 50 %

 

2- Ajouter un stockage tampon

L’ajout d’un réservoir de froid au niveau du by pass permet de faire travailler le compresseur essentiellement à son régime nominal, et de réduire le besoin de pointe. C’est donc une alternative aux cascades de groupes froids, qui offre également une meilleure stabilité électrique à l’échelle de l’usine. Un stockage très volumineux permet même d’optimiser les horaires de production de froid en fonction des contrats d’énergie.

Potentiel de gains : 5 % – 10 %

 

3- Changer d’énergie

Les groupes froids à absorption ont pour principe de « faire du froid avec du chaud »[1]. Si l’usine a par ailleurs des besoins importants en chaleur, il peut être intéressant d’implanter une centrale tri-génération : chaleur au gaz, production d’électricité conjointe, et récupération d’une partie de la chaleur fatale par un groupe froid à ab/adsorption. L’énergie électrique du compresseur, principale consommation des groupes froids classiques, disparaît alors carrément de l’équation !

Potentiel de gains : Dépend du contrat d’exploitation de la cogénération

 

4- Ajouter du « free cooling »

Lorsque les conditions climatiques le permettent suffisamment souvent, l’ajout d’échangeurs passifs à l’air libre (en général sur le toit de l’usine), permet de s’affranchir de l’usage des tours de refroidissement, et des consommations associées.

Potentiel de gains : 5 % – 15 %

 

5- SANS CAPEX : Optimiser les cascades d’engagement

Dès que plusieurs groupes travaillent en parallèle se pose la question de la meilleure combinaison (leurs puissances et performances pouvant être différentes) ainsi que du bon moment pour les démarrer. En s’appuyant sur leurs caractéristiques techniques (courbes de rendement, puissance, débits…) et sur l’historique de données, il est possible de construire des règles d’engagement basées sur des critères objectifs : débit dans le by pass, conditions atmosphériques, plan de production… Ces cascades prennent également en compte les performances des tours de refroidissement et leurs contraintes techniques (nombre, vitesse, délais de démarrage…).

Potentiel de gains : 10 % – 20 %

 

6- SANS CAPEX : Modifier les « set points »

L’analyse des données offre régulièrement des découvertes contre-intuitives, généralement liées à des effets systémiques : « L’optimum global ne résulte pas des optima locaux » explique l’expert Jean Vielle dans Factor.e (Ed#3 : « De l’importance d’une approche systémique »). Concrètement, il arrive fréquemment qu’en augmentant légèrement la consommation d’une tour aéroréfrigérante (simplement en diminuant sa température de consigne), on réduise encore plus celle des compresseurs des groupes froids. L’étude des bons réglages nécessite un solide travail sur les données et des tests en grandeur nature.

Potentiel de gains : 5 % – 10 %

 

7- (Presque) SANS CAPEX : Essayez la HP flottante

Benjamin Franklin n’a pas seulement fait voler des cerfs-volants les jours d’orage. Avant de fonder les USA, il démontra par son expérience « le bouillant de Franklin », qu’une faible pression réduit la température d’ébullition d’un liquide. C’est le principe de la HP flottante : réduire la haute pression du compresseur en fonction de la température extérieure (donc surtout en hiver) pour économiser des « bars » inutiles. L’achat d’un module de régulation spécifique est cependant nécessaire.

Potentiel de gains : 5 % – 15 %

 

Ainsi, avec ou sans investissement, rapidement ou avec un historique assorti de quelques études sur les données énergétiques, les solutions pour optimiser la consommation énergétique de votre production de froid s’avèrent variées. Leur efficacité sera d’autant plus importante que votre SIE (Système d’Information Énergétique) est complet.

 

[1] Une bonne explication ici :

https://www.energieplus-lesite.be/index.php?id=11175#c6324+c6325+c6328

 

7 actions pour optimiser le rendement énergétique dans vos process

Les démarches d’efficacité énergétique industrielle concernent souvent la production d’utilités en premier lieu. Une priorisation compréhensible : après tout, les produits sont l’objet même de l’activité, et ne peuvent souffrir de la moindre baisse de qualité ou de cadence de production. Intouchables donc les process de fabrication !? Pourtant il est possible (et souvent souhaitable) de challenger leur rendement énergétique. Voici déjà quelques pistes…

 

Pour optimiser le rendement énergétique dans vos process :

1- Impliquez les opérateurs

À l’usine ou à l’atelier, comme ailleurs, on cherche à bien faire : des produits de qualité, en respectant les consignes et les KPIs, et en s’appuyant sur l’expérience et la connaissance. Sauf que ces bonnes intentions se traduisent parfois (et même souvent) par des attitudes gourmandes en énergie : un confort de conduite exagéré (marges de sécurité en puissance et/ou en durée de fonctionnement), une confusion entre consignes et habitudes (« Ça fait trente ans qu’on fait comme ça, personne ne s’est plaint »), et un manque criant de prise en compte de la chose énergétique. Le rendement énergétique n’est certes pas la priorité mais ce n’est pas une raison pour le délaisser totalement.

 

Les solutions :

  • Trouvez des compromis sur les marges de sécurité. Ce qui demande une grande confiance en vos installations, en vos équipements, et en vos compétences.
  • Détectez régulièrement les besoins en connaissances, et proposez les formations et/ou les changements de poste qui en découlent.
  • Challengez les habitudes, en vous faisant aider d’outils et d’expertises extérieurs.

 

 

2- Exploitez votre chaleur fatale

Quasiment tous les process produisent de la chaleur résiduelle, pas toujours exploitée. Parfois à raison, par manque évident de rentabilité. Et souvent à tort, faute d’avoir vraiment étudié les possibilités. Le préchauffage de votre eau de chaufferie par l’eau de refroidissement des compresseurs sera-t-il rentable ? S’il existe des échangeurs pour récupérer des calories sous toutes formes (gaz/gaz, liquide/liquide, liquide/gaz…), encore faut-il s’assurer de la synchronisation entre les besoins et la production de chaleur, de puissances et températures compatibles, d’une distance raisonnable entre les producteurs et consommateurs, etc.

 

La solution :

Pratiquez la méthode PINCH.

Cet outil (désormais disponible sous forme logicielle) permet d’analyser l’installation thermique pour en maximiser l’efficacité énergétique via des échangeurs en tenant compte des investissements nécessaires, du prix de l’énergie, etc. Et ainsi, en améliorer le rendement énergétique.

 

 

3- Affinez vos régulations

La stratégie de contrôle commande se heurte régulièrement à deux problématiques. D’abord l’identification des bons paramètres à réguler, ce qui n’est pas aisé si l’on ne connaît pas précisément les process de l’usine et les équipements. Et ensuite la définition des réglages de régulation : comment s’assurer que les corrections PID (proportionnel, intégral, dérivé) ne sont ni « standards », ni arbitraires ?

 

La solution :

Faites dialoguer les opérateurs avec le contrôle commande, avec l’appui d’un outil d’analyse et éventuellement avec l’aide d’un expert extérieur. Au-delà du bénéfice évident du travail collaboratif, il s’agit d’objectiver le fonctionnement de la régulation et de repérer des dysfonctionnements (phénomènes de pompages, bandes mortes, engagement/désengagement des machines, mauvais séquençage/imbrication des boucles de régulation…).

 

 

4- Assouplissez vos paramétrages

« L’humidité résiduelle de notre matière première doit être de 10 %. » Ah ? Que se passe-t-il à 9 %, ou à 11 % ? Quel sera l’impact sur la qualité du produit fini ? Sur la fiabilité des process ? Sur l’entretien et la maintenance des équipements ? Et surtout combien coûte la réduction de ce seul point d’humidité ? N’y a-t-il pas là des gisements de confort de conduite, de productivité, et d’énergie ?

 

La solution :

Passez des « set points » aux « set zones » : 10 % +/– 1.

La démarche demande bien sûr de rentrer profondément dans les process, en associant la qualité, la maintenance, le contrôle commande… Des tests réels sont également utiles.

 

 

5- Évitez l’obsolescence des équipements

Faut-il rappeler qu’une machine usée consommera TOUJOURS plus d’énergie qu’une neuve ? S’il n’est bien sûr pas question de remplacer des équipements encore « bons pour le service » par des modèles plus économes (quoique, cela peut être rentable dans certains cas…), il est tout de même rageant de voir les efforts énergétiques d’une équipe se diluer dans une machine antédiluvienne, simplement parce qu’il n’y a pas de CAPEX au budget.

 

La solution :

Prenez votre bâton de pèlerin, et allez convaincre la direction ! Avec bien sûr en poche un argumentaire financier démontrant un ROI rapide (incluant énergie, qualité, coûts de maintenance…).

Pensez également à l’investissement différentiel, si je dois remplacer dans tous les cas une machine, le ROI d’une machine performante (et coûteuse) se fait en différentiel d’un changement de machine à l’identique.

 

 

6- Rénovez vos réseaux de distribution

Prenons l’exemple d’un réseau d’eau chaude alimentant 5 bâtiments. Vingt ans après sa construction, deux édifices ont disparu, remplacés par un autre, situé plus loin sur le site. Le réseau est ainsi utilisé avec une pression et une température supérieure (afin d’alimenter correctement le bâtiment lointain et gourmand). Une aubaine pour les autres usagers, qui en profitent pour surconsommer allègrement !

 

La solution :

Remettez régulièrement « à plat » vos réseaux de distribution (topologie, paramètres, équilibrage). A minima, installez des équipements et compteurs pour responsabiliser les utilisateurs.

Pensez à isoler les bâtiments quand ils ne consomment pas (nuit, week-end, vacances, etc).

 

 

7- Outillez les managers

Qui connaît le mieux le fonctionnement de l’atelier : le manager qui suit les KPIs sur Excel, ou le chef d’atelier, qui les « vit » au quotidien ? Chacun son job bien sûr. Mais tout de même : comment confronter efficacité énergétique et confort de conduite (qui restent foncièrement antinomiques) si l’on ne comprend pas vraiment les contraintes du terrain ?

 

Les solutions :

Managers, restez proche du terrain ! N’oubliez pas de descendre quotidiennement dans les ateliers : écoutez, interrogez, discutez, avec bienveillance, sincérité, et curiosité. Vous resterez ainsi au contact des enjeux de vos équipes, et garderez  leur confiance pour changer leurs habitudes. Et bien sûr équipez-vous d’une plateforme numérique de management de l’énergie (Vertuoz Industri.e en propose une très bien !), qui vous permettra de matérialiser/appuyer vos analyses et propositions.

 

Maîtrisez vos centrales de traitement d’air !

Saviez-vous que la CTA – Centrale de Traitement d’Air – fait partie des équipements les plus complexes à maîtriser dans les usines ? Ce système autorégulé est parfois perçu comme une « boîte noire », et il n’est pas aisé d’en jauger les performances énergétiques. Pourtant, avec des outils adéquats, vos équipes sont en mesure de les optimiser. Il ne faudrait surtout pas passer à côté de cette opportunité.

C’est pourquoi une application web métier est indispensable pour le suivi et l’optimisation énergétique de vos centrales de traitement d’air. En effet, les CTA sont exploitées pour atteindre des niveaux de qualité d’air exigeants dans les ateliers (poussières, humidité, température…). Pour cela, elles sont constituées de nombreux éléments contrôlant automatiquement divers paramètres de l’air (température, hygrométrie, pression…). Ces derniers sont si nombreux qu’identifier des pertes ou des dérives est très complexe. Les dysfonctionnements passent donc souvent inaperçus ! D’autre part, les équipes n’ont pas les mêmes expériences et pratiques de conduite, ils ne ciblent pas les mêmes problèmes. L’animation de l’énergie permettra ainsi une plus grande efficacité sur le terrain.

 

Les centrales de traitement d’air : complexe ou systémique ?

Bien sûr, la CTA n’est pas un mystère. Cependant son fonctionnement repose sur un “chemin thermodynamique de l’air” qui détermine les traitements successifs à effectuer sur l’air extérieur et/ou intérieur, afin de l’amener à la qualité souhaitée au point de soufflage.

« Les étapes sont simples – chauffage, refroidissement, lavage…– mais sont toutes liées et concourent à ajuster les paramètres de l’air en totale coordination. Les batteries froides serviront à refroidir ou déshumidifier, et les laveurs à humidifier. La CTA offre ainsi plusieurs façons d’obtenir un même résultat, la difficulté réside dans la stabilisation de la configuration la plus performante.» explique Stéphanie Hoarau, Chef de projet efficacité énergétique.

 

Toujours quelque chose à faire

On pourrait penser qu’une fois bien paramétrée, la CTA atteindra puis maintiendra efficacement ses objectifs. C’est sans compter sur les inévitables dérives des sondes, vannes bloquées ou passantes, erreurs et saisies de consignes incohérentes… sans parler des événements exogènes comme la variation des conditions extérieures ou dans l’atelier.

« Le problème réside justement dans l’orientation objectifs  d’une CTA : elle cherche à satisfaire la consigne, et pourra l’atteindre même en mode dégradé, au détriment de sa consommation énergétique. Et même si l’on détecte une anomalie, via ses interfaces, encore faut-il savoir séparer la cause des symptômes. Un air chaud et sec sera humidifié puis refroidi. Si l’air est trop froid en sortie, pour cause de vanne trop ouverte par exemple, des batteries chaudes en aval pourront entrer en jeu. Pas facile de diagnostiquer d’un seul coup d’œil ce problème depuis la supervision ! » précise Stéphanie Hoarau.

 

La data à la rescousse !

Alors comment évaluer ce qui se passe vraiment dans votre CTA ? En collectant un maximum de données sur son fonctionnement, y compris (et même surtout) sur ses sous-systèmes.

« A partir des caractéristiques techniques de tous les composants d’une CTA, nous pouvons construire un modèle de fonctionnement théorique et une banque de situations combinant les données d’entrées (comme les conditions extérieures et consignes) et l’état précis des sous-systèmes : consigne sur telle vanne, niveau de température après tel équipement… On peut ensuite comparer avec la réalité, en temps réel, pour chercher d’éventuelles incohérences et alerter en cas d’écarts » dévoile Stéphanie Hoarau.

 

Les bénéfices du monitoring énergétique des Centrales de Traitement d’Air

Les gains potentiels sont significatifs car ils permettent d’échapper à des situations qui durent :

  • les surconsommations sont évitées,
  • la qualité de l’air est améliorée,
  • les coûts de maintenance sont réduits, car les durées de fonctionnement en mode dégradé diminuent (lorsqu’un équipement dysfonctionne, ses voisins vont chercher à compenser).

 

L’application CTA de Vertuoz Industri.e fonctionne déjà. Elle permet en un coup d’œil de savoir tout ce qui se passe dans votre CTA, et surtout de résoudre des problèmes « indétectés » auparavant. Alors on l’ouvre, cette boîte noire ?

Agroalimentaire : des gains énergétiques conséquents en optimisant vos flux d’air

L’industrie agroalimentaire consomme beaucoup d’énergie pour assurer la maîtrise de la température et la qualité d’air des zones de travail. Bien souvent, quelques actions simples permettent de réaliser des économies substantielles. En voici quelques exemples, pour des ateliers emblématiques de l’industrie agroalimentaire : la salle de cuisson et son extraction d’air d’une part, et l’atelier de confection/conditionnement avec sa centrale de traitement d’air d’autre part.

 

Maîtriser l’extraction d’air en salle de cuisson

Les industriels de l’agroalimentaire sont nombreux à faire face au même dilemme : réduire l’exposition à la chaleur de leur personnel en ventilant abondamment les ateliers de cuisson et éviter de contaminer les produits en sortie de four avec un air de refroidissement grossièrement filtré. Pourtant, il est possible de combiner harmonieusement ces enjeux, et quasiment sans CAPEX !

Le refroidissement est généralement confié à des extracteurs d’air, plaçant la salle de cuisson en dépression. Plusieurs dizaines de milliers de m3/h d’air chaud sont ainsi aspirés et remplacés par de l’air « neuf » à température ambiante. « La qualité de cet air neuf peut être très discutable, estime Yves Bergeron, Consultant Industrie. Les prises d’air sont par exemple situées au ras du sol dans l’atelier de maintenance. Les vitesses d’air sont telles que l’effet d’envolement est important. Et celui-ci est en général simplement préfiltré, car il est difficile de filtrer finement de tels flux d’air ». Dans la démarche d’optimisation, une fois n’est pas coutume, la maîtrise de l’énergie et de la qualité microbiologique se rejoignent : le premier levier de progrès concerne l’ajustement de l’extraction d’air au minimum nécessaire pour assurer une température de travail acceptable.

 

  |  Un cas concret dans une usine de pain de mie tranché

« Le niveau d’extraction était tellement important qu’il aspirait l’air depuis l’autre extrémité de l’usine (la zone de stockage après conditionnement). En arrêtant un des trois extracteurs, l’impact sur la température de la salle de cuisson s’est avéré négligeable, et le phénomène d’aspiration d’air sale a été éliminé. En outre, un tiers de l’énergie consommée a été économisé ! » raconte Yves Bergeron.

 

Une autre action très simple consiste à s’assurer que l’extraction ne fonctionne que lorsqu’on en a besoin. Ne démarre-t-elle pas trop tôt, alors que le four et la salle sont encore froids ? Ne s’arrête-t-elle pas trop tard ? « Le nombre et/ou le niveau de marche des extracteurs doivent être ajustés en fonction de la météo (température extérieure et ensoleillement), mais aussi de l’activité de la salle elle-même » propose Yves Bergeron.

 

Optimiser le point de fonctionnement de la centrale de traitement d’air

Plantons le décor : la centrale de traitement d’air permet d’assurer la conformité de l’air de la salle pendant la production, par rapport à la norme applicable (température de la salle, qualité microbiologique de l’air).

Première piste de travail : optimiser l’énergie dépensée pendant les périodes de hors production. L’enjeu est d’autant plus important si l’atelier tourne peu. Rappelons qu’un atelier qui fonctionne 8 heures par jour, 5 jours par semaine, est trois fois plus souvent hors production qu’en production !

Rappelons que le taux de renouvellement d’air imposé par la norme pendant la production a été calculé pour éliminer la contamination apportée par les flux entrants dans l’atelier (produit, emballages, personnels…).

Hors production et hors maintenance, lorsque les portes des ateliers sont fermées et qu’il n’y a aucun flux, ce taux de renouvellement peut être fortement diminué, tout en assurant la qualité microbiologique de l’air nécessaire.

La contrainte imposée sur la température de la salle en production est également très probablement excessive hors production. « La norme ne s’applique pas puisqu’il n’y a alors pas de production, même s’il faut bien évidemment s’assurer (et pouvoir prouver) que la qualité de l’air reste maîtrisée, et sera conforme à la norme dès le début de production, rappelle Yves Bergeron. Des actions d’accompagnement classiques hors production consistent à consigner les portes, boucher les ouvertures et couvrir les équipements. Et on sera surpris de constater que la qualité du début de production est souvent fortement améliorée par rapport à la qualité obtenue en laissant la centrale de traitement d’air à fond pendant les arrêts de production. »

Ce premier succès légitime la remise en question d’une croyance : « On fait tourner la centrale de traitement d’air à fond. Comme ça on n’a pas de problème ! ». Un petit effort préalable est cependant indispensable : il faut bien connaître la norme applicable. En effet, la bonne compréhension de la norme permet de challenger positivement les responsables qualité et de définir avec eux le point de fonctionnement nécessaire pour le niveau d’activité le plus exigeant. Il devient dès lors possible, en procédant par étapes entrecoupées de longues périodes d’observation, de réduire graduellement le niveau de marche de la centrale de traitement d’air jusqu’à ce point de fonctionnement. Sur certains ateliers, il est même possible d’aller plus loin. « Les besoins réels de renouvellement d’air peuvent dépendre très fortement de l’activité, calcule Yves Bergeron, du nombre de personnes présentes, du flux de produits, d’emballages… Si le produit est tranché et génère beaucoup de particules, ou s’il est refroidi en salle et génère de l’humidité… ». Il n’est pas rare que l’activité la plus exigeante soit en réalité peu fréquente. L’optimisation peut alors se poursuivre pour les niveaux d’activité courants.

 

Piloter vraiment pour gagner tout le temps

À l’évidence, adapter le niveau de marche des extracteurs d’air et des centrales de traitement d’air au niveau d’activité et aux conditions météorologiques augmente la complexité. « Une supervision centralisée prend ici tout son sens. D’abord pour historiser sereinement les états de fonctionnement, les rapprocher des données de production, et analyser leurs conséquences énergétiques, à l’échelle de chaque salle. Mais aussi pour identifier les réglages efficaces et les propager à d’autres ateliers. Il n’est pas nécessaire d’aller jusqu’au contrôle-commande, la diffusion de consignes simples avec les plans de production suffit en général » propose Yves Bergeron. Prévoyez une bonne année pour constituer un corpus de données suffisant, puis récoltez les fruits énergétiques : la division par deux de votre consommation est tout à fait envisageable !

Chez Airbus, la performance énergétique prépare son décollage avec le numérique

Présent depuis plus de 30 ans chez Airbus pour l’exploitation de ses équipements d’électricité, de chauffage, de ventilation et de climatisation, ENGIE Solutions a décidé d’utiliser la solution numérique Vertuoz Industri.e pour booster son contrat de performance énergétique. A la clé, la perspective d’une réduction des consommations d’énergie sur le site toulousain du constructeur aéronautique.

Près de 300 collaborateurs d’ENGIE sont mobilisés afin de mener à bien cette mission multisites à Toulouse, Nantes, Saint-Nazaire, Marignane, Elancourt et Paris-Le Bourget : fournir à Airbus une continuité de service, gérer ses installations de production et distribution d’énergie, et assurer la maintenance des équipements.

 

Un Contrat de Performance Énergétique industriel

Ces prestations sont soumises depuis 2015 à un Contrat de Performance Énergétique (CPE) avec, à la clé, un intéressement proportionnel aux résultats obtenus sur chacun des sites. A travers la mise en place de ces CPE, l’engagement vers une gestion énergétique vertueuse des sites est donc devenu un enjeu majeur pour ENGIE . Dès les premiers mois, cet engagement s’est traduit par la mise en place d’actions de pilotage sans investissement : suivi quotidien des consommations d’énergie, optimisation des programmes horaires ou encore mise en place d’une production d’énergie réduite lorsque les ateliers d’Airbus sont en activité réduite. Efficace, mais après trois années certains sites approchent l’asymptote de limite de performance. Il faut donc aujourd’hui envisager autre chose pour poursuivre la dynamique positive.

 

Analyse Big Data et pilotage prédictif

Pour continuer à progresser en matière de performance énergétique, ENGIE Solutions avait le choix entre la réalisation de travaux avec investissement, pour lesquels la notion de TCO (Total Cost of Ownership) est primordiale, et l’exploitation d’une solution numérique pour de l’analyse Big Data et un pilotage prédictif. C’est cette dernière opportunité qu’il a été choisi de mettre en avant sur le site toulousain d’Airbus.

 

Des gains énergétiques sur les cabines de peinture

Les analyses sur les cabines de peinture ont montré des gisements d’économies importants.  La variabilité de trois Indicateurs de Performance Énergétique (IPE) a été étudiée : électricité, chaleur et quantité d’air extrait, toutes exprimées par mètre cube d’air soufflé. L’analyse a montré que 5 % de l’électricité pouvaient être économisés, en évitant la surchauffe et la sur-humidification dans les cabines. Autre résultat : les données ont mis en évidence que la température et l’hygrométrie ambiante des cabines étaient loin d’être optimisées au regard de la phase d’utilisation de la cabine, la phase la plus énergivore (phase peinture) étant notamment surutilisée par rapport aux temps théoriques de cette phase du process peinture des avions.

 

Des outils de pilotage pour suivre la performance énergétique

Du fait de contraintes fortes s’exerçant sur les cadences de production, Airbus privilégie la qualité et la productivité de son process industriel, redoutant notamment une remontée en température trop longue pour revenir aux conditions d’application de peinture sur les fuselages. L’analyse prédictive de Vertuoz Industri.e à partir d’un modèle fondé sur l’historique des données a démontré qu’il était possible de modéliser le temps de remontée en température et hygrométrie des cabines de peinture pour les laisser en mode économique le plus longtemps possible. L’économie générée serait de l’ordre de 15 % sur les consommations de gaz. Enfin, le ratio d’air extrait par air soufflé variait énormément, ce qui présageait un potentiel de gain très significatif via la supervision de ce ratio en temps réel.

En attendant le déploiement de la solution numérique sur le périmètre des utilités dans le process d’Airbus, ENGIE Solutions a confié aux équipes Vertuoz Industri.e une prestation d’optimisation du pilotage des réseaux de chaud et de froid du site toulousain. Les équipements de production autrefois indépendants ont été récemment interconnectés, créant des réseaux de production et de distribution difficiles à piloter. La composante « investissement » rejoint ainsi la composante « analyse Big Data et prédictif » pour garantir les économies les plus importantes possibles pour Airbus et ENGIE Solutions, dans le cadre du CPE.

 

Et s’il ne fallait pas (toujours) répartir la charge entre vos équipements ?

De nombreuses raisons peuvent pousser à répartir uniformément une charge entre plusieurs équipements similaires : usure équilibrée, contraintes de maintenance, sécurisation du process, éléments contractuels, habitudes… et souvent l’impression de faire des économies car « on tourne moins vite ». Las. Les synergies attendues pourraient bien s’avérer négatives.

 

Une histoire de rendement

Premier responsable : le rendement non linéaire de la plupart des équipements. On confond trop facilement la consommation énergétique absolue d’un matériel, qui varie globalement avec la charge et la durée d’utilisation, et sa consommation relative ou rendement : la quantité d’énergie nécessaire par unité traitée. Si nous prenons l’exemple des compresseurs, leur rendement, exprimé en kWh/m3, dépend notamment de 3 critères : la technologie (électro-compression ou turbine à gaz), le taux de compression demandé (Pression finale/Pression initiale), et le débit injecté en entrée. La courbe de rendement obtenue est sans équivoque : pour un taux donné, seule une certaine plage de débit offre un rendement élevé. On comprend ainsi qu’il vaut mieux utiliser un seul compresseur dans sa plage d’usage idéale que deux ou plus, dans une zone peu efficiente.

À noter : La courbe de l’électrocompresseur est inférieure : meilleur rendement énergétique.

 

Quand les indicateurs énergétiques et économiques divergent…

Mais les choses se corsent dès que l’on passe des kWh aux euros. La courbe de rendement technique peut s’avérer insuffisante, et même se voir contredite par le rendement économique, exprimé en €/unité produite. C’est ainsi le cas lorsqu’une technologie l’emporte clairement sur l’autre du fait du prix de l’énergie : à puissance égale, un compresseur à gaz est toujours moins cher à utiliser. D’autres critères peuvent interférer, de manière différente selon les équipements : plafonds ou planchers d’abonnement, pertes au démarrage, durée d’utilisation minimale, contraintes de maintenance, participation à un programme d’effacement… Selon leurs courbes de rendement, et leur énergie de fonctionnement, il est possible de dessiner les courbes de rendement économique de tous les équipements en parallèle : compresseurs, chaudières, groupes froids, pompes… pour pouvoir arbitrer et construire les cascades d’allumage optimales en énergie ».

La courbe de la turbine à gaz est inférieure : meilleur rendement économique sur toute la plage.

 

Une petite étude pour une grosse réduction initiale

Concrètement (et idéalement) les courbes de rendement peuvent être construites à partir des données historiques de fonctionnement. Une étude sur les demandes de charges les plus fréquentes permet alors de construire les stratégies de démarrage des matériels, et de dégager immédiatement des économies très significatives. Les gains sont très variables, pouvant aller jusqu’à des pourcentages de réduction à deux chiffres, et un ROI très rapide. On peut ainsi adapter les cascades de démarrage en temps réel et préconiser des consignes de conduite précises pour chacun des équipements ! ».

 

Vers l’optimisation continue avec le numérique

En effet, l’apport d’une plateforme numérique permet de :

  • Créer les indicateurs de rendement technique grâce aux historiques de data.
  • Construire les indicateurs économiques qui en découlent.
  • Superposer visuellement les courbes pour repérer facilement les cascades de démarrage à appliquer.
  • Comparer les résultats obtenus et en tirer les bonnes pratiques selon les cas d’usages.

 

Et si vous n’avez pas d’outil pour le moment, commencez déjà par allumer vos équipements les uns après les autres, en visant systématiquement un usage à la puissance nominale.

 

Pour booster l’efficacité énergétique, et si on veillait aussi sur l’efficacité hydrique ?

L’eau et l’énergie sont des utilités intimement liées dans une usine. La preuve ? Avec une eau de mauvaise qualité, un osmoseur, un échangeur de chaleur, ou une tour aéroréfrigérante voient leur efficacité énergétique chuter : une bonne raison pour veiller attentivement sur « l’efficacité hydrique » dans l’industrie. Une vision défendue par Stéphane Gilbert, Président du Directoire d’Aquassay, entreprise spécialisée dans l’efficacité de l’usage de l’eau.

 

L’efficacité énergétique, tout le monde connaît. Mais qu’est-ce que l’efficacité hydrique ?

Stéphane Gilbert En effet, l’efficacité hydrique est encore peu connue. C’est un concept très récent, du début des années 2010, né d’une conviction forte : celle que l’eau est un bien précieux, altérable, épuisable et coûteux. Concrètement, l’efficacité hydrique est une démarche globale d’optimisation de la gestion de l’eau dans l’industrie, tant sur la qualité que sur la quantité. L’objectif de l’efficacité hydrique est de moins consommer d’eau, de mieux produire et de moins rejeter de polluants. Nous nous appuyons sur les sciences et les techniques du numérique pour faire de l’efficacité hydrique « data driven » et ainsi agir sur les usages du cycle de l’eau.

 

Quels sont les liens entre eau et énergie dans l’industrie ?

SG J’ai l’habitude de dire que l’efficacité hydrique et l’efficacité énergétique dans l’industrie représentent les deux faces d’une même pièce de monnaie. La raison est d’abord de nature physico-chimique : l’eau a la formidable capacité d’emmagasiner l’énergie. En clair, elle joue le rôle de vecteur thermique, permettant à la fois de chauffer ou de refroidir. L’eau est donc au cœur des procédés industriels, pour produire par exemple de l’électricité ou de la vapeur.

On comprend bien dès lors que la qualité de l’eau influe sur la qualité de cette production. Imaginez : prenez de l’eau trop calcaire dans un échangeur de chaleur. Dans l’eau chaude, le calcaire précipite et une couche de tartre se forme sur les parois… qui va se comporter comme un isolant. Non seulement l’échangeur peut perdre 40 % en performance énergétique, mais en plus l’industriel devra supporter des frais de maintenance pour se débarrasser du tartre. Ces dépenses vont pourtant être comptabilisées comme des coûts liés à l’énergie. Or l’eau de mauvaise qualité est la seule responsable de ces médiocres performances.

Récemment, nous avons réalisé un audit pour identifier les coûts de l’eau dans une usine et nous avons constaté que les frais imputables à l’eau étaient largement sous-estimés. Ils sont jusqu’à 10 fois supérieurs aux coûts visibles de l’eau, c’est-à-dire ceux de l’approvisionnement cumulés à ceux du traitement des rejets.

 

Comment une solution numérique reliant eau et énergie apporte-t-elle des bénéfices ?

SG Il est indispensable de considérer l’usine comme un système intégré, qui consomme de l’énergie, de l’eau, de l’air, qui fabrique des produits manufacturés, qui crée et rejette des déchets. Les avancées des sciences et les techniques du numérique permettent désormais de recueillir, trier et analyser ensemble tous types de data, provenant de plateformes digitales variées, dans une banque de données unique.

C’est, pour l’industriel, la possibilité d’étudier conjointement tous les éléments qui interagissent dans son usine, pour mieux en comprendre la complexité et pour apporter une vraie valeur ajoutée. Cette nouvelle vision holistique permet d’optimiser les productions alors même que tout semble bien fonctionner.

Un exemple : en surveillant à la fois le cycle de l’eau et la chaudière vapeur d’une laiterie, nous avons constaté un retour d’eau froide dans les condensats. Le client n’en soupçonnait même pas l’existence ! En interdisant ce retour d’eau froide, il a gagné l’équivalent de 10 000 euros par an en énergie. La preuve qu’en surveillant ensemble la gestion de l’eau et de l’énergie, les solutions sont pertinentes et les bénéfices très rapides.

 

L’idée est donc de surveiller le système industriel dans sa globalité. Uniquement ?

SG – Non, pas seulement. L’usine doit être supervisée en tant que système intégré, comme nous venons de le montrer. Mais pas seulement. Elle doit aussi être suivie en dynamique, car la qualité de l’eau varie en permanence. L’inertie thermique de l’eau et l’inertie liée à sa masse doivent également être considérées. En conséquence, l’influence de l’eau sur la performance énergétique et industrielle doit être étudiée à la fois en temps réel et dans le temps.

Cela permet aux techniciens d’adapter les process et de détecter les incidents précocement grâce aux calculs prédictifs issus de l’historisation des données. Les industriels peuvent ainsi optimiser leur production, mais aussi économiser l’énergie et l’eau. Car contrairement à ce que l’on croit parfois, l’eau n’est ni gratuite, ni inaltérable, ni inépuisable. La surveillance de la gestion de l’eau est même pour nous une question citoyenne qu’il ne faut pas occulter !

 

Aquassay en bref

2015 – la création en juillet

21 collaborateurs

22 sites équipés dans 5 pays : Algérie, Bulgarie, Égypte, France, Suisse

Quelques conseils pratiques pour un renouvellement d’air plus efficace

Vous le savez : les enjeux d’un renouvellement d’air efficace sont centraux dans les ateliers. Mais savez-vous quelles sont les pratiques à respecter pour optimiser la qualité de l’air tout en limitant les consommations d’énergie ?

 

L’optimisation de la qualité de l’air dans un atelier industriel commence toujours par un état des lieux complet des problématiques, des systèmes et des process dans les locaux : poser les bonnes questions, recenser les équipements thermiques et aérauliques, réaliser un diagramme de l’air humide, séparer les fonctions de chauffage et de ventilation… « Cet état des lieux permet de mieux comprendre les conditions de votre atelier et de trouver les solutions adaptées à vos contraintes, affirme Bruno Gilles, Directeur du Marché Industrie. Mais ce n’est pas encore suffisant. Quelques ajustements dans les modes de traitement des polluants et un suivi des performances dans la durée vont vous permettre d’optimiser à coup sûr le renouvellement d’air dans votre atelier. Soyez-en persuadés ! »

 

1. Evacuation des polluants à la source

En évacuant les polluants à l’endroit même où ils sont émis, les volumes de l’atelier à traiter diminuent comme peau de chagrin. « En s’équipant d’extracteurs spécifiques, de hottes aspirantes ou de cabines de confinement au niveau des machines ou des lignes de production, les retours sur investissement sont courts, affirme Bruno Gilles. Entre 1 et 3 ans. C’est une solution très avantageuse. »

 

2. Un renouvellement d’air par déplacement, plutôt que par mélange

Les ateliers sont généralement traités en mélangeant tout le volume d’air du bâtiment. Pour que la qualité de l’air soit meilleure autour des personnes, il convient de traiter les polluants de l’air… là où ils sont et de les rejeter par le plafond du bâtiment. Ce renouvellement d’air « par déplacement » permet d’introduire 3 fois moins de volume d’air conditionné pour la même qualité d’air et les consommations d’énergie sont diminuées de moitié, globalement avec les pertes statiques !

 

3. Optimisation du taux d’air neuf

Les besoins en air propre ne sont pas les mêmes selon l’occupation de l’atelier, l’activité ou les zones. « Il n’est pas nécessaire de ventiler partout avec le même débit d’air. Chaque zone autonome de l’atelier pourra être traitée en fonction de ses concentrations de polluants, plus importantes près des machines en marche que dans les stocks par exemple. ». Avec des traceurs de présence en plus, le débit d’air s’adapte à chaque taux d’occupation.

 

4. Préchauffage de l’air extérieur introduit

Les économies d’énergie sont particulièrement importantes lorsque l’air neuf est préchauffé par l’énergie récupérée sur l’air extrait de l’atelier ou par un échangeur de chaleur avant de pénétrer dans l’atelier : entre 50 et 70 % !

 

5. Proposition d’une régulation par zone

Pour économiser l’énergie, il faut accepter de ne pas se focaliser sur des points de consigne précis, comme l’explique Bruno Gilles : « La régulation portant sur une fenêtre de consignes (par exemple entre 17°C et 19°C et entre 55 et 65 % d’humidité) nécessite beaucoup moins d’énergie qu’une régulation définie sur un point précis (18°C avec 60 % d’humidité). »  Les gains de 30 à 50 % d’énergie sont ainsi possibles, pour ce type de régulation.

 

6. Un contrôle-commande performant

À l’intersaison, les performances des centrales de traitement d’air diminuent, car elles exigent des régulations plus fines. « Lorsque la température extérieure est de 16°, alors que l’on veut 18°C dans l’atelier, la centrale se met en marche, décrit Bruno Gilles. Alors qu’un système de contrôle-commande performant analysera la situation et prendra en compte la chaleur produite par les process de fabrication, pour ne pas déclencher inutilement la centrale. »

 

7. Réalisation de bilans des modes de diffusion d’air

Après avoir suivi les précédentes étapes pour optimiser le renouvellement d’air dans l’atelier, il est temps de réaliser le bilan des modes de diffusion d’air. A-t-on bien séparé les fonctions chauffage et ventilation ? Le renouvellement s’effectue-t-il bien par déplacement d’air et en fonction des besoins réels ? Les mouvements, le brassage et les vitesses d’air sont-ils optimisés ?… Ce bilan doit être effectué régulièrement.

 

8. Suivi, contrôle et mise en place d’une démarche partagée dans la durée

Reste à inscrire les performances du traitement d’air mis en place dans la durée. Il convient donc de suivre et contrôler les paramètres thermiques et aérauliques, en fonction des process de l’usine. L’analyse Big Data multi-variables sur un long historique permet justement d’accompagner ces résultats, d’apporter une vision globale du traitement d’air dans l’atelier et d’établir des corrélations entre les systèmes. Elle permet également d’affiner les réglages pour maintenir les performances en matière de rendement et de coûts. « L’outil Big Data permet en plus d’impliquer les collaborateurs de l’atelier et la direction sur les démarches d’économies d’énergie, conclut Bruno Gilles Sur les courbes d’analyse, ils peuvent visualiser les progrès sur la qualité de l’air et les économies d’énergie grâce à leurs actions : réaliser les bons réglages, fermer les fenêtres, ou encore mettre en marche une hotte aspirante. C’est, pour eux, un outil d’accompagnement valorisant et impliquant ! »

Donnez un nouvel air à votre atelier : l’état des lieux

Les enjeux d’un renouvellement d’air efficace sont centraux dans les ateliers. L’optimisation de la qualité de l’air permet de gagner en productivité, en coûts d’exploitation, sur les dépenses énergétiques, et en qualité de vie au travail. Mais comment faire ?

Apporter des bonnes conditions d’air dans un atelier est exigé par les réglementations sur la santé et l’hygiène, ou sur les taux de polluants admis… « C’est évidemment surtout une question de bien-être pour ceux qui travaillent au quotidien dans le bâtiment, souligne Thierry Beaussé, expert énergéticien dans l’industrie. Quand les collaborateurs se plaignent d’une atmosphère trop chaude, trop froide, trop humide, malodorante dans leur atelier, c’est souvent le reflet de leur mal-être. Avec une meilleure qualité d’air, ils se sentent mieux et la motivation s’en ressent. Je l’ai vérifié au fil de mes expériences en industrie. »

On comprend mieux dès lors l’intérêt de tout mettre en œuvre pour améliorer la qualité de l’air. « Mais plutôt qu’investir directement dans des centrales de renouvellement d’air coûteuses, une démarche séquencée, des bonnes pratiques et du bon sens s’avèrent bien plus efficaces » garantit Thierry Beaussé. Une démarche qui démarre par un état des lieux complet des problématiques et des équipements de l’atelier.

 

1. Se faire aider pour poser les bonnes questions… et formuler les bonnes problématiques

En matière de renouvellement d’air, les questions conditionnent les réponses techniques à apporter. Une évidence ? « Quand on est concentré sur la production, il est difficile de voir toutes les composantes de la situation et d’apporter des réponses innovantes, explique Thierry Beaussé. En revanche, un intervenant extérieur au site verra les conditions dans l’atelier avec un regard neuf, il posera des questions sous des angles différents, pour reformuler les problématiques de renouvellement d’air. »

 

2. Faire un état des lieux aéraulique et thermique

Avant de chercher des solutions, d’investir et d’agir, la bonne pratique consiste à faire un état des lieux de l’existant. « Qu’y a-t-il dans votre atelier ?, questionne Thierry Beaussé. Des générateurs d’air chaud aérothermes ou des panneaux radiants pour le chauffage ? Un extracteur d’air spécifique propre à une machine ou un extracteur global à tout l’atelier pour ventiler l’air ? Des systèmes mixtes comme des centrales de traitement ou des générateurs de ventilation tempérée make-up ?… ». Il s’agit également d’analyser et de recenser les polluants présents dans l’atelier, tout en prenant en compte la météo et les caractéristiques du bâtiment, c’est-à-dire son volume, sa hauteur, l’isolation, les fenêtres, les différentes zones (stockage, production…). « Et enfin, est-ce que vos différents équipements sont suffisamment instrumentés pour permettre un suivi efficace des paramètres de régulation (poids d’eau, températures, pressions…) ? »

 

3. Connaître le diagramme de l’air humide

La réalisation du « diagramme d’air humide » permet de visualiser graphiquement les caractéristiques de l’air dans l’atelier. Elle est nécessaire au dimensionnement de la centrale de traitement d’air. Sous-dimensionnée, la centrale ne sera pas performante pour traiter l’air. Sur-dimensionnée, elle utilisera trop d’énergie pour fonctionner, avec à la clé, des dépenses inutiles !

 

4. Séparer les fonctions chauffage et ventilation

Selon les équipements existants dans l’atelier, les solutions d’optimisation varient, car les fonctionnements diffèrent.

La centrale de traitement d’air, par exemple, aspire l’air neuf extérieur ou recycle l’air de l’atelier. Celui-ci passe à travers un filtre puis dans l’une des deux batteries : chaude (alimentée par de la vapeur d’eau) l’hiver, froide (alimentée par de l’eau glacée) l’été.

« Le make-up, en revanche, utilise uniquement l’air neuf extérieur, qui va passer dans un brûleur au gaz pour chauffer, illustre Thierry Beaussé. L’air est ensuite injecté dans l’atelier. Certains ateliers sont ainsi équipés de make-up uniquement, pour assurer à la fois chauffage et traitement d’air. C’est parfait quand l’usine est en fonctionnement : le rendement est proche de 100 %. Mais le week-end, s’il fait froid dehors, -5°C par exemple, le chauffage se met en hors gel, aspire l’air froid extérieur et doit utiliser beaucoup d’énergie pour souffler de l’air chaud dans l’atelier vide. Le rendement du traitement d’air tombe alors à 20 % environ, voire moins. C’est la raison pour laquelle je conseille non seulement d’être attentif au mode de fonctionnellement des centrales pour adapter le réglage mais aussi de séparer les fonctions chauffage et ventilation. »

 

Une fois cet état des lieux réalisé dans l’atelier, de nombreuses techniques pleines de bon sens vont optimiser encore l’efficacité du système de renouvellement de l’air tout en minimisant les dépenses d’énergie.

Le digital dans la chaufferie, un bon investissement ?

Les chaufferies font elles aussi leur transition numérique. Les grosses installations sont presque systématiquement équipées d’une GTC (Gestion Technique Centralisée) qui permet de connaitre à tout instant l’état de fonctionnement technique de l’installation mais ne dit pas grand chose sur sa performance. Elles sont donc de plus en plus nombreuses à disposer aussi d’une solution digitale pour optimiser leurs performances énergétiques et mieux gérer la maintenance. Mais ces outils connectés représentent-ils réellement un bon investissement pour ces réseaux de chauffage ? Réponse par les ingénieurs efficacité énergétique de Vertuoz Industri.e.

Les centrales de production d’énergie (chaud, froid…) utilisent des outils numériques pour être plus performantes et cela fonctionne ! Prenez l’exemple du réseau de chaleur de Rillieux-la-Pape, près de Lyon, qui maximise la récupération de chaleur et exploite majoritairement des énergies renouvelables (plus de 90 % !) depuis qu’une solution numérique d’aide au pilotage a été installée. Ou celui de Plaine Commune Énergie, en Île-de-France, qui a gagné environ 10 % de performance sur le rendement d’une chaudière biomasse en seulement 3 mois ! « Ces exemples suffiraient déjà à démontrer les bénéfices apportés par la mise en œuvre d’un outil digital, s’enthousiasme Camille Boutinet. Mais en plus, un outil numérique dans une chaufferie apporte d’autres gains, beaucoup d’autres gains ! »

 

Libérer du temps à l’exploitant du site

Pour l’exploitant du site, par exemple, le quotidien est rythmé par de nombreuses charges qui viennent s’ajouter au cœur de métier technique. Les tâches transverses sont nombreuses : RH (plannings des équipes), administratives (suivi réglementaire…) ou commerciales (établissement des devis, ordre de commandes…), le temps est donc compté. Grâce à la standardisation des meilleures pratiques d’exploitation, au suivi temps réel des consommations d’énergie et à l’automatisation du reporting quotidien et mensuel des indicateurs de performance de la chaufferie, l’exploitant peut se concentrer sur le cœur de ses missions et gagner sur les coûts d’exploitation du site.

 

Réduire la durée des interventions

L’outil digital permet de désigner facilement les dysfonctionnements des équipements de production d’énergie, à condition qu’ils soient équipés des bons systèmes de mesure et de comptage. Sur leur écran, les équipes opérationnelles identifient aisément les anomalies, repérées par des alarmes visuelles déclenchées par plusieurs critères combinés. Ils savent immédiatement où inspecter, même si la panne n’a pas encore été détectée. Le temps gagné est ainsi très important : sur une centrale de traitement d’air par exemple, avant cet outil numérique, les équipes d’exploitation ne repéraient parfois le dysfonctionnement qu’après quelques jours et devaient contrôler jusqu’à cinq ou six équipements.

 

Choisir la bonne cascade d’allumage

Forts de leur expérience, les techniciens avaient déjà repéré les réglages apportant de meilleures performances ou encore quelle chaudière avait un meilleur rendement qu’une autre. « En revanche, personne ne savait jusqu’à présent quel était l’impact des réglages en bout de ligne, confie Antoine Roland. Avec l’outil numérique et sa puissance de calcul, les opérationnels peuvent désormais croiser les paramètres de performance entre eux et mesurer l’influence de chacun. Ils ont accès à des informations invisibles, enfouies, qui permettent de régler la cascade d’allumage des chaudières au mieux. » Concrètement, la mise à disposition des données historiques du site permet de révéler les meilleures pratiques passées et de les définir en tant que règles de conduite à suivre.

 

Décider les bons investissements en fonction d’éléments tangibles

Au moment de choisir un nouvel équipement, un variateur neuf par exemple, on peut se fonder sur sa performance théorique. Mais rien ne garantit que les résultats soient meilleurs à l’échelle du réseau. Sur la base des données de l’installation, l’outil digital désigne précisément l’élément qui freine les performances au global. «Constatant ainsi les résultats médiocres du réseau avec l’ancien matériel, le client n’hésitera pas à engager des travaux ou le remplacement des équipements incriminés. » souligne Meryl Alexandre.

 

Communiquer entre les acteurs du site

Exploitant de chaufferie, energy manager, directeur de site industriel, opérationnels… Tous les acteurs n’ont pas la même compréhension du sujet « énergie ».  L’outil numérique leur proposera des courbes et des analyses, pour communiquer efficacement entre eux. Mieux : le collaborateur en charge du suivi des consommations énergétiques, en général l’energy manager, pourra valoriser l’impact des bonnes pratiques des opérateurs, des réglages des machines ou de la maintenance sur les coûts d’exploitation et les économies d’énergie. « Le travail de l’energy manager s’en trouve renforcéIl démontre concrètement les bénéfices obtenus grâce à ses actions et la participation des équipes de terrain à ces effets. » Une bonne façon de relier la théorie à la pratique.

 

  |  En conclusion…

Un outil digital dans une chaufferie permet non seulement de faire des économies d’énergie, mais aussi de gagner du temps sur le planning d’exploitation, de diminuer la durée des réparations, d’optimiser le fonctionnement du réseau de chauffage, de changer les équipements à dessein et de valoriser le travail de chacun.