Sans contrôle de la qualité de vos données, pas de performance énergétique !

L’amélioration des performances énergétiques du parc immobilier d’une collectivité peut lui permettre de dégager de substantielles économies. Parmi les premières étapes, la relève des données de consommation d’énergie générées par ses bâtiments est une action incontournable. Pas n’importe quelles données. La qualité de ces données est en effet déterminante pour garantir la valeur nécessaire à une analyse fiable avant d’engager les investissements énergétiques les plus pertinents. Mais comment contrôler cette qualité ? Réponse par Dominique Martin, responsable data chez Vertuoz by ENGIE.

 

Peut-on imaginer que les données issues de la télérelève ne reflètent pas la réalité ? Non. Pourtant, la réponse à cette question est loin d’être évidente, notamment pour les parcs de milliers de bâtiments à l’instar des collectivités. On peut constater des discontinuités, des data manquantes, des erreurs de saisie, des variations anormales, des pannes… C’est donc un sujet essentiel sur lequel les fournisseurs de solutions de relève se penchent sérieusement pour leurs clients. Différents modèles mathématiques se fondant sur des approches statistiques ont ainsi été développés pour contrôler et fiabiliser la qualité de ces données.

 

Des algorithmes de détection d’anomalies pour corriger les données

Sur la durée, il est toujours essentiel de restituer les « bonnes » informations de terrain, celles qui correspondent à la réalité, aux véritables consommations. Ce seront ces données qui permettront d’obtenir des analyses fiables. Simple à comprendre, plus complexe à atteindre. Dans cette perspective, l’évolution des données de télérelève est comparée en permanence à l’allure générale des courbes de l’historique des consommations du bâtiment, en fonction de données d’influence (météo extérieure, fréquentation du bâtiment, usages…).

« Pour contrôler si la télérelève fonctionne correctement, nous utilisons un algorithme de détection d’anomalies pour identifier, corriger et nettoyer les données manquantes, anormales, fausses et absurdes, c’est-à-dire celles qui sortent de la distribution habituelle des points, indique Dominique Martin. Sur le principe, cet algorithme ressemble à ceux destinés à la détection de fraude dans une banque. »

La collectivité a ainsi la certitude d’avoir les données réelles de chacun de ses bâtiments, avant de commencer à travailler sur leurs performances énergétiques.

 

Le regroupement des bâtiments par des algorithmes de clustering

Une fois que les données collectées auront ainsi été nettoyées et consolidées, l’objectif de la collectivité est de les classer et de les exploiter afin de dresser un panorama énergétique de son parc immobilier.

« La difficulté ici, poursuit Dominique Martin, c’est que les bâtiments diffèrent les uns des autres, tant sur leurs usages, la fréquentation du public, les horaires d’ouverture et leurs équipements. Des algorithmes permettent de regrouper les bâtiments dont les profils énergétiques sont semblables et de les comparer entre eux. Les meilleurs élèves en matière de consommation énergétique ont beaucoup à apporter aux bâtiments les plus énergivores de la collectivité. »

Les données de ces bâtiments vont également être rapprochées des moyennes nationales issues des bâtiments de référence de l’ADEME (classées en fonction du climat, de la localisation, voire de la taille de la collectivité) et des objectifs de consommation établis par le ministère de la transition écologique et solidaire – la RT2012 notamment – pour identifier des pistes d’économies d’énergie et les bâtiments prioritaires sur lesquels investir une rénovation énergétique.

 

Des algorithmes d’intelligence artificielle afin de prévoir les comportements énergétiques

D’autres algorithmes vont permettre de planifier l’avenir énergétique du bâtiment à partir des données passées. « Sur les bases d’un historique des données de consommation constitué sur plusieurs années – nécessaire pour collecter des data sur différentes saisons – les algorithmes d’intelligence artificielle vont pouvoir modéliser les comportements énergétiques des bâtiments, » confie Dominique Martin. Les intérêts sont variés. La mise en place de tels modèles statistiques va non seulement aider la collectivité à anticiper ses achats d’énergie, dans une logique court terme de prévision de trésorerie, mais aussi à bâtir un budget énergétique sur le long terme, pour l’inscrire dans une planification financière globale. « Il est en plus possible d’intégrer des hypothèses d’actions de performance énergétique dans ces modèles, détaille Dominique Martin. Nous pouvons ainsi déterminer des objectifs de résultats et comparer les données réelles vis-à-vis de ces objectifs fixés. La démarche est particulièrement intéressante pour mesurer le retour sur investissement d’actions énergétiques et dans le cadre de Contrats de Performance Énergétique avec des collectivités. »

Open data sur la ville : l’exemple de la métropole lyonnaise

Alors que l’obligation d’ouverture des données publiques est entrée en vigueur le 7 octobre 2018, à peine 10 % des collectivités de plus de 3 500 habitants¹ avaient publié au moins un jeu de données à cette date, selon l’Observatoire Open Data des territoires. Les villes et les citoyens ont pourtant tellement de services à gagner en ouvrant leurs données. Les plus grandes villes l’ont compris et font partie des meilleurs élèves², à l’instar de la métropole de Lyon, comme en témoigne Maxime Valentin, responsable Développement Durable et Innovation de la SPL Lyon, aménageur du quartier Confluence.

Tout d’abord, qu’appelle-t-on les « données publiques » ?

Maxime Valentin – Le concept de « données publiques » couvre l’ensemble des données qui sont produites ou collectées par un État, une collectivité territoriale, ou une autorité administrative, dans le cadre des missions de service public. Ces données doivent être publiées, ou mises à disposition du public et communicables à toute personne en faisant la demande. Elles sont au cœur de la démarche d’ouverture des données.

Justement, comment définiriez-vous le concept d’open data ?

Maxime Valentin – Chaque individu produit des données, à travers ses activités du quotidien, sans forcément s’en rendre compte : lorsqu’il utilise son Smartphone, lorsqu’il se déplace en tramway, lorsqu’il utilise son GPS, lorsqu’il commande un objet par internet, ou encore lorsqu’il règle le chauffage ou la climatisation à son domicile. À ces données individuelles s’ajoutent d’autres informations, anonymes, que certaines organisations privées ou publiques peuvent choisir d’ouvrir à la collectivité en les rendant publiques.

Le terme d’open data désigne donc toutes ces données auxquelles n’importe qui peut accéder et que tout le monde peut utiliser ou partager. Mais pour être « open », ces data doivent remplir certains critères. Elles doivent être disponibles, réutilisables et distribuables (partageables), tout ça dans la perspective d’une participation universelle³.

Quel est le résultat concret pour une collectivité ou un territoire ?

Maxime Valentin – La collecte, l’agrégation et le partage de ces données publiques vont permettre de créer dans le cloud une copie virtuelle de notre ville, constituée de toutes les données partagées par les habitants, les distributeurs d’énergie, la poste, les entreprises, les smart buildings… Si la richesse et le volume de ces données peut impressionner, cela induit surtout un nouveau challenge pour la collectivité : comment peut-elle organiser cette ville virtuelle dans laquelle circulent une multitude de données privées et publiques ?

Pourquoi les villes devraient-elles mettre ces données à disposition ?

Maxime Valentin – Les raisons sont multiples mais la première est d’ordre réglementaire. L’ouverture des données publiques est en effet exigée depuis l’adoption de la loi pour la République Numérique. La mise à disposition des données par la ville permet de rendre l’action publique plus transparente et plus accessible aux citoyens, de soutenir l’innovation et de favoriser le développement économique. Mais surtout, la réutilisation de ces données donne la possibilité de développer des services aux usagers, pour répondre aux objectifs politiques en matière de santé, d’environnement et de transport notamment. Dans cette perspective, la ville va faire en sorte que les données soient non seulement disponibles, mais aussi qualifiées et accessibles, pour permettre aux acteurs de la ville de les croiser et de les traiter. Les données n’ont de valeur qu’à ces conditions.

Pour donner un exemple, la plateforme « Data Grand Lyon » de la métropole de Lyon est ouverte à tous les acteurs du territoire depuis 2011⁴. Elle répertorie et stocke les données de la métropole en temps réel, mais aussi celles du transporteur lyonnais Kéolis, du service de vélos en libre-service Velov’, de l’opérateur de parking Q-Park, de l’observatoire de l’environnement sonore Acoucité, de l’organisme pour la surveillance sur la qualité de l’air Air Rhône-Alpes, etc. En tout, près d’un millier de jeux de données sont disponibles ! L’ensemble des informations sont mises à jour automatiquement et accessibles dans des formats ouverts et normalisés afin de faciliter leur interopérabilité et leur croisement.

La plateforme Data Grand Lyon a ainsi permis de mettre en place de nombreux services – le service d’info-trafic Only Moov, par exemple, pour faciliter les déplacements des lyonnais, tous modes confondus. Pour calculer les itinéraires, il agrège des data historiques et dynamiques en temps réel. Dans le même esprit, un projet Maas (Mobility as a Service), basé sur des données libres et partagées, pourrait faire l’objet d’un démonstrateur à Confluence. L’objectif serait de réguler le trafic et de diminuer son impact sur l’environnement, en déterminant la meilleure option pour aller d’un point A à un point B, par covoiturage, trottinette électrique, Velov’, bus, tramway…, avec un seul ticket de transport.

En tant qu’aménageur, comment vous servez-vous de ces données ouvertes ?

Maxime Valentin – À titre d’exemple, nous développons avec les services de la métropole un démonstrateur (baptisé Confluence Monitoring System ou CMS) dans le cadre du programme européen Smarter Together, aux côtés des villes de Munich en Allemagne et Vienne en Autriche. CMS récupère des données de consommation d’énergie, de production d’énergie renouvelable (photovoltaïque et réseau de chaleur urbain) via la plateforme Data Grand Lyon, puis il les agrège, les traite et les analyse.

L’objectif est de savoir si les smart buildings construits dans le quartier Confluence et si les bâtiments éco-rénovés sont réellement performants en exploitation. Dans le cadre de ce programme européen, nous mesurons clairement l’avantage de disposer de la plateforme Open Data de la métropole pour faire transiter les données et réaliser notre analyse. L’exploitation des données fournies par Data Grand Lyon est un vrai plus pour nous car nous pouvons nous engager dans ce projet sur le long terme. En tant que collectivité, la métropole nous garantit la pérennité des données.

 

[1] Les villes de plus de 3 500 habitants sont soumises à l’obligation d’ouverture

[2] Plus de 40 % des villes de plus de 100 000 habitants publiaient leurs données en Open Data en 2018.

[3] Définition de l’Open Knowledge Foundation

[4] Avec certaines restrictions parfois, selon les usages envisagés quand ils sont commerciaux.

Télérelève des données énergétiques : quels choix pour les collectivités ?

Plus que jamais, les collectivités sont aujourd’hui confrontées à la nécessité de maîtriser leurs dépenses et à l’urgence de s’engager dans la transition énergétique. Sachant que le bâtiment représente à lui seul 44 % des consommations d’énergie en France, elles ont pleinement conscience que leur patrimoine immobilier constitue le premier levier d’actions face à ces exigences économiques et écologiques. Avant cela, elles doivent connaître et suivre les consommations de leurs bâtiments. Quels outils ont-elles à leur disposition pour effectuer la relève des données énergétiques rapidement et efficacement ? Quels sont les plus performants ? Eléments de réponse avec Jean-Christophe Bourgeois, directeur Innovation et Internet des objets chez Vertuoz.

 

Comment les collectivités suivent-elles aujourd’hui les consommations énergétiques de leur patrimoine immobilier ?

Jean-Christophe Bourgeois – La très grande majorité des collectivités territoriales utilisent simplement les factures de leurs fournisseurs d’énergie et de fluides – électricité, gaz, eau, fuel, bois… – comme sources principales de données des consommations de leurs bâtiments. Ces données relevées sur les factures servent de base pour réaliser des suivis annuels sur des tableurs de calculs Excel. Les collectivités qui veulent une analyse plus poussée vont utiliser une plateforme web de suivi plus sophistiquée, qui leur apporte une vision globale et fiable de leur patrimoine immobilier et de leurs consommations.

Mais le suivi à partir des factures reste peu précis et chronophage : les données sont reportées à la main – avec des risques d’erreurs – et sont disponibles à intervalles mensuels, ce qui n’est pas suffisant pour une analyse fine et efficace des consommations. Pour augmenter la fréquence des relèves de données de consommations, certaines collectivités réalisent un sourcing auprès de leurs distributeurs de fluides. Ceux-ci fournissent des relèves de données quotidiennes, effectuées à partir d’interfaces de programmation (NDLR : les API – Application Programming Interface). C’est un début d’automatisation de la collecte de données, mais finalement très peu de collectivités l’exploitent, notamment parce que seuls les compteurs généraux des distributeurs d’énergie sont susceptibles de fournir des données, pas les sous-compteurs qui se situent pourtant quant à eux au plus près des usages.

 

Risque d’erreur, perte de temps, manque de précision… des relèves sur les factures. Quelles sont les solutions plus performantes ?

Jean-Christophe Bourgeois – Les technologies de télérelève ont déjà fait leurs preuves en terme d’efficacité. Concrètement, les collectivités installent des instruments connectés sur chaque compteur. Ces infrastructures réalisent des relevés de données fiables et précises, à la maille horaire ou de la minute, de manière automatique, sans perdre de temps et sans risque d’erreur. Elles apportent une vraie valeur ajoutée aux collectivités, en matière d’analyse, de visualisation des consommations d’énergie et de détection des gaspillages. Ce sont de véritables aides au choix pour réaliser des économies.

Cette télérelève permet en outre de faire des économies sans investissement complémentaire, en mesurant le talon de consommation (qui correspond au fonctionnement d’un bâtiment hors occupation, la nuit, durant les congés ou les week-ends…). L’allure de ce talon indique si des équipements, comme l’éclairage, le chauffage, ou la climatisation, restent en marche alors qu’ils ne devraient pas. Sa mesure est donc indispensable aux collectivités pour identifier très simplement des pistes d’économies d’énergie, sans nécessiter des travaux de rénovation et en conservant les mêmes niveaux de confort pour les usagers des bâtiments.

 

Considérant ces avantages, pourquoi les collectivités n’ont-elles pas toutes opté pour un système de télérelève automatique ?

Jean-Christophe Bourgeois – Les technologies de télérelève sont en effet très performantes, et les collectivités en ont pleinement conscience. Mais ces technologies ont aussi un coût, que certaines hésitent à prendre en charge dans un contexte de maîtrise des budgets publics. Pour satisfaire les collectivités en demande de solutions alternatives, nous avons décidé de proposer une solution de relève de données  » low cost « , sans doute un peu moins performante que la précédente mais qui peut s’avérer tout à fait suffisante. Nous avons mis en place un système de télérelève manuelle automatisée. J’explique : des équipes techniques sont présentes au quotidien dans les bâtiments publics, pour la maintenance notamment. Le principe de cette nouvelle solution consiste à confier à ces techniciens la relève, en scannant à partir de leur smartphone les compteurs équipés d’une puce NFC ou un QR Code. En un clic, les données sont recueillies et transmises à un système d’information énergétique central. Aucun risque d’erreur humaine ou de perte de données !

Le système d’information compare automatiquement chaque nouvelle donnée à l’historique de data enregistrées, et alerte le technicien en cas de doute. Ces données récupérées sur le terrain sont ensuite traitées, analysées et restituées sur des tableaux de bord, sur le même modèle que le système de télérelève automatique. Généralement, les élus attendent que les économies soient affichées en tonnes de gaz à effet de serre épargnées, pour savoir si leur collectivité est en conformité avec ses objectifs d’impact CO2. Mais plus souvent encore, les politiques veulent des chiffres en euros. C’est direct, concret et clair, pour être en mesure de réaffecter les économies réalisées dans un nouvel investissement, des jeux d’enfants dans une école maternelle par exemple, utile à la collectivité et visible par tous les citoyens.

 

 

Bâtiment connecté : 4 valeurs d’usage apportées par les données

Aujourd’hui, grâce aux nouvelles technologies, les actifs immobiliers fournissent des données qui permettent d’offrir plus de services aux résidents tout en optimisant l’utilisation des surfaces utiles et les coûts d’exploitation. Ce sont les bâtiements connectés. En couvrant l’ensemble de cette « chaîne de valeur DATA », Openfield et Vertuoz se positionnent comme un acteur unique, en travaillant à la création d’une nouvelle offre de services, créatrice de valeurs ajoutées pour l’ensemble des parties prenantes de l’immobilier.

 

cécile-hullin-openfield

« Un bâtiment intelligent, c’est tout d’abord un bâtiment producteur de données » explique Cécile Hullin, directrice des solutions clients chez Openfield. Pour opérer, il s’appuie sur différentes « couches » technologiques : des capteurs pour relever des informations, des infrastructures réseaux et de la connectivité, des systèmes informatiques et techniques qui vont produire leurs parts d’information, de la data science et de l’intelligence artificielle pour interpréter et valoriser les données. Cette dernière discipline est à la frontière des mathématiques et du langage informatique, en s’appuyant sur l’algorithmique… « Le bâtiment intelligent est aujourd’hui entré dans l’ère du big data. De gros volumes de données produits en temps réel et sous des formats variés. Le label R2S (« Ready to Service ») va inciter à plus d’interopérabilité dans les systèmes des bâtiments. Jusqu’à hier, les bâtiments n’étaient pas suffisamment ouverts pour que les croisements de données soient faisables et produisent réellement de la valeur » souligne Cécile Hullin. L’objectif est de faire du bâtiment une centrale de production de données, « au service de ses usagers, qu’il s’agisse de ses gestionnaires ou de ses occupants ». Et les cas d’usages sont nombreux.

 

1- Optimiser la gestion des espaces

En France, le taux d’occupation des bureaux est de 55%. Par ailleurs, 40% des salles de réunion sont réservées… mais ne sont pas utilisées. « Mesurer et comprendre l’usage des différents espaces et ressources pour les optimiser est donc sans doute le cas d’usage fondateur » indique Cécile Hullin. Bailleurs, preneurs ou gestionnaires ont besoin d’améliorer l’efficacité opérationnelle de leurs locaux, en phase avec les attentes des usagers et de maîtriser le coût au m2.

« Dans le tertiaire, un poste de travail est évalué entre 12 et 15 K€ par occupant. En confrontant les données réelles d’utilisation des postes, il est possible de réaménager au sein d’une même équipe ou d’un service avec plus d’agilité »

Cette gestion optimale des espaces et ressources est très intéressante pour le gestionnaire, alors que se développe le flex-office et le télétravail dans les entreprises. En élargissant le service de réservation aux autres ressources du bâtiment, comme les outils de travail (paperboard, écran…) ou les places de parking, la mesure de l’usage réel par rapport aux capacités proposées va offrir un nouveau service personnalisé à l’occupant tout en délivrant des économies potentielles à l’exploitant.

 

2- Améliorer la gestion des équipements et des services

Les données permettent également d’optimiser l’exploitation et la maintenance réalisées dans un bâtiment. « Jusqu’alors, les exploitants travaillaient avec des contrats et des engagements de services figés. Aujourd’hui, les dysfonctionnements peuvent être signalés par les occupants par exemple à partir d’une appli de smartphone ». Avec ces données, il est possible d’ajuster en temps réel le plan d’intervention d’un technicien et de rendre encore plus efficientes les actions de maintenance. Avec, à la clé, plus de qualité de services pour les occupants finaux et des coûts de maintenance souvent mieux maîtrisés pour les exploitants.

 

3- Doper le confort et la productivité des résidents

De nouveaux capteurs multi thématiques et multi usages vont générer des données mesurant la luminosité des espaces, leur hygrométrie, leur acoustique, leur température, la qualité de l’air… « Monitorer ces données sur le confort et le bien-être permet d’apporter des preuves concrètes sur la qualité de l’environnement de travail, ce qui en fait un levier d’attractivité et de fidélisation ». En parallèle, de nombreux services peuvent être déployés : application de covoiturage, de conciergerie, information sur la fréquentation du restaurant d’entreprise, géo-guidage dans les immeubles.

Les services RH des entreprises ont également la possibilité d’aller plus loin en proposant aujourd’hui des services additionnels avec la possibilité de faire de la prévention santé auprès des salariés :

« Un module de e-learning par exemple sur la santé au travail permet de faire de la sensibilisation auprès des salariés. Son usage rassemblera des informations sur l’état de santé au travail perçu par les collaborateurs, couplé à d’autres données comme le parcours géographique sur le lieu de travail ou encore les données de capteurs de bruit…. Autant d’indicateurs précieux, qui, lorsqu’ils sont croisés permettent d’alerter sur les risques ou les niveaux de performance au travail ».

4- Renforcer la performance énergétique

En bout de chaîne, les données contribuent à ajuster les consommations énergétiques. « En matière de Gestion Technique du Bâtiment (GTB) et notamment d’énergie, là encore, de nombreux instruments existent déjà, mais ils avaientt tendance à être plutôt fermés ». Aujourd’hui, dans le tertiaire, les nouveaux bâtiments sont capables de gérer le stockage et la répartition de l’énergie et de contribuer à la transition énergétique. Sur les bâtiments existants, il est également possible de collecter une mine d’informations pour faire des simulations et dimensionner efficacement la GTB d’un futur bâtiment, ou ajuster les réglages d’un automate déjà installé.

Toutes les données collectées, passées au filtre de la data analyse, constituent une mine d’informations pour ainsi assurer une meilleure maîtrise de l’énergie qui y sera consommée.

La collecte en temps réel et restitution de données « sensibles » sera également stratégique quand il s’agit de sites abritant des services ou des activités protégées (banques, ministères, laboratoire de recherche…). Elle facilitera la mise en place d’un plan d’intervention (confinement ou évacuation en cas d’alerte), avec un suivi en temps réel des flux d’individus. L’anonymisation et le brouillage de parcours seront critiques dans le traitement des données.

 

En conclusion…

La valeur ajoutée des données appliquées aux bâtiments tertiaires ne fait aucun doute. Il convient néanmoins de prioriser et d’intégrer de nouvelles solutions de collecte, traitement et exploitation des données. « Travailler la performance énergétique sans avoir maîtrisé au préalable l’occupation de l’espace de travail n’apporterait pas beaucoup. Les sujets de confort, de bien-être ou qualité de vie au travail peuvent apporter des bénéfices substantiels d’un point de vue RH pour les entreprises ayant un très fort turn-over ou des difficultés de recrutement. La gouvernance des données est un sujet délicat à aborder et à clarifier très vite » met en lumière Cécile Hullin.

La question de la confidentialité des données en est un autre, si le bâtiment se dote de la capacité à tracer les comportements de ses occupants. Il convient de moduler ses inquiétudes : depuis mai 2018, les entreprises ont l’obligation d’être conforme au Règlement Générale sur la Protection des Données (RGPD). « En matière de données récoltées dans le bâtiment, un devoir d’information est obligatoire auprès des occupants, assorti d’un registre de consentement éclairé. Le respect de la confidentialité des données doit être assorti de garanties précises » commente la directrice des solutions clients. L’anonymisation des données par les algorithmes est rapidement stratégique. « Un sujet qui n’est jamais bloquant pour autant que l’usager final soit conscient de la valeur ajoutée apportée par les données » conclut Cécile Hullin.

5 conseils d’expert pour brancher votre bâtiment à la mobilité électrique

Avec une croissance de 45 % en France en 2018 (VS +25 % en 2017), le marché du véhicule électrique pour les parcs d’entreprises s’accélère. Selon le dernier baromètre de l’Observatoire du Véhicule d’Entreprise, 41 % des entreprises françaises disposent de véhicules « propres » ou en prévoient l’acquisition au cours des trois prochaines années. Dans les grands groupes, cette proportion atteint même 68 %, dont 52 % pour l’électrique. Il y a donc urgence à mettre en place tous les équipements et services nécessaires pour que les immeubles tertiaires intègrent les usages de la mobilité électrique. Pour accompagner les gestionnaires des bâtiments, Aurélie Balcon, experte E-Mobility chez ENGIE, livre cinq précieux conseils.

 

Conseil n°1 – Déterminez les usages réels en mobilité de votre bâtiment.

Pour un bâtiment tertiaire, un immeuble de bureaux par exemple, où la majorité des occupants sont sédentaires, pas de difficulté majeure. Le choix se portera sur des bornes de faible puissance (3,7 à 7,4 kW) destinées à charger des véhicules électriques durant les journées de travail. Il faut en effet profiter au maximum des temps où les véhicules sont à l’arrêt : plus ils sont stationnés longtemps, moins la puissance nécessaire à la recharge doit être élevée. À l’opposé, les usages et les besoins d’équipements seront logiquement différents pour un bâtiment où les occupants sont très mobiles et dont les véhicules doivent tourner en continu 24 h/24. Si tout ou partie de la flotte automobile passe à l’électrique, le site devra recourir à des bornes de forte puissance (350 kW).

Mais entre ces deux typologies d’entreprise, le champ des possibles est très étendu et le choix plus complexe. Pour un immeuble de bureaux qui accueille à la fois des salariés sédentaires, des consultants hors site, des commerciaux, des livreurs, etc., les besoins de mobilité et de recharge varient selon les profils. Les administratifs utiliseront des bornes lentes, tandis que les commerciaux ou les livreurs, plus nomades, auront besoin de bornes rapides pour ne pas perdre de temps lors des recharges.

 

Conseil n°2 – Évaluez les besoins de charge et de puissance pour votre bâtiment.

Dans tous les cas, l’installation électrique est impactée par la mise en place d’infrastructures de recharge électrique, même lorsqu’elles sont de faible puissance. L’installation de cinq bornes de 7,4 kW, pour les besoins des occupants d’un bâtiment de taille moyenne par exemple, risque de doubler ses besoins d’électricité. Face à cet impact, l’exploitant va devoir contrôler si son installation est suffisante pour supporter l’appel de puissance supplémentaire, si le réseau électrique est capable de fournir l’énergie nécessaire, si son contrat de fourniture d’énergie est adapté ou s’il faut le renégocier…

Par ailleurs, confronté à ces nouveaux besoins d’électricité, l’exploitant a tout intérêt à installer sur le bâtiment un dispositif de production d’énergie renouvelable, voire d’opter pour l’autoconsommation. Pour une borne lente, une ombrière de parking peut suffire. Une batterie stationnaire de stockage complètera l’installation, pour disposer d’énergie quand la recharge de véhicules le nécessitera, même en absence de soleil. Quoiqu’il en soit, l’infrastructure aura besoin de « l’intelligence » d’une plateforme digitale dédiée, à l’instar de Vertuoz Born’Elec, pour piloter les recharges électriques et s’adapter au réseau.

Conseil n°3 – Partagez un outil de supervision commun avec le gestionnaire de flotte

Jusqu’à récemment, les missions de l’exploitant du bâtiment et du gestionnaire de la flotte d’entreprise étaient distinctes, avec des logiques d’achat différenciées. Gestion de l’énergie et des fluides pour l’immeuble d’un côté, location, entretien et mise à disposition des véhicules de l’autre.. Mais désormais l’usage des bornes de recharge impacte l’installation électrique du bâtiment. Les deux fonctions vont donc interagir pour étudier ensemble les solutions qui permettront de piloter l’énergie de la manière la plus fluide et la plus équilibrée possible. Dans cette perspective, l’utilisation d’une plateforme numérique multiservices comme Vertuoz by ENGIE, va les aider à gérer efficacement les flux d’énergie entre le bâtiment et les infrastructures de recharge. L’objectif pour eux étant de suivre les consommations et d’être informés en temps réel.

Vertuoz Born’Elec : la supervision est dans la borne !

Vertuoz Born’Elec est une solution intelligente de recharge pour véhicules électriques combinant offre matérielle, portail web et services avancés. En marge de l’installation et de l’entretien des stations de recharge, cette solution propose une plateforme de supervision de l’état des stations et de suivi de tous les flux, doublée d’un système de gestion dynamique de la charge et de priorisation des bornes, non seulement selon les contraintes du réseau électrique mais aussi en fonction du temps de stationnement du véhicule et du nombre de kilomètres planifié par le conducteur.

L’exploitant dispose ainsi d’un accès en temps réel au suivi de la consommation des bornes et peut piloter à distance ses points de recharge. Des rapports d’analyse lui permette par ailleurs d’analyser les pics d’activités, de comparer les consommations énergétiques de ses sites sur une période donnée et de refacturer le service de recharge aux habitants utilisateurs.

Enfin, pour les conducteurs de véhicule électrique, Born’Elec simplifie la réservation des bornes de recharge.

 

Conseil n°4 – Optez pour le modèle économique qui convient à votre investissement

Acheter ou louer le service de recharge électrique ? Plusieurs stratégies sont possibles. Première option : acheter les infrastructures de recharge, les installer et s’abonner à un service de supervision de la borne.
Deuxième option : financer la solution de charge, son installation, les services énergétiques, tout comme l’accès à l’énergie, en renégociant son contrat et/ou avec un système de production d’énergie renouvelable et de stockage.
Troisième option : confier à une société l’acquisition, l’installation et la supervision des bornes, contre un loyer mensuel. Cette stratégie de « Charging as a Service » rencontre de plus en plus de succès.

Aujourd’hui, la plupart des immeubles de bureaux offrent les recharges à leurs occupants. C’est le cas de la Tour ENGIE à La Défense : collaborateurs et visiteurs rechargent gratuitement leur véhicule électrique. D’autres bâtiments s’engagent également en ce sens. Prenons l’exemple des supermarchés. Certains proposent à leurs clients de profiter de recharges gratuites ou à bas coût à condition d’avoir une carte de fidélité. Ce modèle n’a toutefois pas vocation à perdurer dans la mesure où, progressivement, un prix de la recharge devrait s’établir sur le territoire français.

Conseil n°5 – Entourez-vous d’experts pour brancher votre bâtiment à la mobilité électrique

Certaines entreprises ont déjà largement défriché le sujet de l’écomobilité pour leurs propres bâtiments. Ces derniers sont en capacité d’apporter des conseils. Pourquoi ne pas profiter de l’expérience de La Poste, par exemple, qui dispose de la plus grande flotte de véhicules électriques en France ? Ou de celle du groupe ENGIE, qui se place juste derrière ? ENGIE a confié le renouvellement de sa flotte à une équipe projet interne. L’équipe a acquis d’importantes connaissances sur les technologies, le pilotage de l’énergie et la gestion du parc électrique. Son expérience est précieuse pour développer l’écomobilité des occupants des bâtiments publics et privés. Ainsi, nous répondons déjà aux besoins des territoires et des entreprises en matière d’équipement en infrastructures de recharge. À Rotterdam par exemple.

Conformité RGPD et data privacy : le bâtiment aussi est concerné

À l’heure où de grandes quantités de data y sont produites et que les objets connectés colonisent le bâtiment, le Règlement Général sur la Protection des Données (RGPD) concerne évidemment aussi les bâtiments intelligents. Une question se pose alors : comment s’y prendre pour être en conformité ? Éléments de réponse avec Guillaume Lerouge, Responsable juridique et Data Privacy Manager chez ENGIE Cofely.

 

Quelles sont les grandes lignes du RGPD et les avancées en matière de protection des données personnelles ?

« Le RGPD est entré en application le 25 mai 2018, pour d’une part renforcer les droits et le contrôle des citoyens de l’Union européenne sur leurs données personnelles et d’autre part intensifier les obligations à la charge des organisations privées et publiques qui collectent et exploitent ces données, notamment en matière d’information des personnes, de recueil du consentement, de traçabilité et de documentation interne. »

En cas de manquement à ces obligations, les personnes concernées peuvent se tourner vers l’autorité de contrôle du pays. Pour la France, il s’agit de la Commission Nationale de l’Informatique et des Libertés, la CNIL. Les sanctions encourues par les organisations qui ne respectent pas le RGPD sont très lourdes, puisqu’elles peuvent aller jusqu’à 20 millions d’euros ou 4 % du chiffre d’affaires mondial de l’entité.

Et attention : ces sanctions concernent aussi bien les « responsables de traitements » (notamment l’entreprise propriétaire ou locataire d’un site, représentée par son directeur immobilier) que les « sous-traitants » (en particulier le prestataire qui installe et exploite des objets connectés). Désormais, ces différents acteurs partagent la responsabilité de gérer les données conformément à la réglementation.

 

Parlons smart building : dans quelle mesure est-il impacté par le RGPD ?

« Par essence, les smart buildings produisent une multitude de données, notamment celles fournies par les compteurs intelligents et les différents capteurs qu’ils contiennent. Or certaines d’entre elles peuvent être qualifiées de données à caractère personnel au sens du RGPD, dès lors qu’elles se rattachent, même indirectement, à une personne physique. La protection de ces données doit donc être prise très au sérieux par les acteurs du bâtiment. Cela, à chacune des étapes de la vie du bâtiment, en phase de conception, de réalisation et d’exploitation. »

Une prise en compte en amont de la protection des données est nécessaire. En effet, les différents intervenants du smart building, c’est-à-dire les fabricants d’objets, les maîtres d’œuvre, les constructeurs, ou encore les fournisseurs d’énergie, doivent tous intégrer cette question, dès l’étape d’élaboration des objets connectés, de la conception du bâtiment qui les accueille, ou de mise au point de services aux occupants, selon le principe de « privacy by design ». Le RGPD impose ainsi le principe d’une protection dès qu’un process impliquant un traitement de données à caractère personnel est créé. Il existe un document de référence très utile en la matière, le pack conformité « compteurs communicants » de la CNIL, dont les grands principes restent globalement valables même s’il date de 2014, avant l’entrée en application du RGPD.

Enfin, dans le cas particulier de l’utilisation d’une maquette BIM, les acteurs du bâtiment doivent là aussi être vigilants. Dans une moindre mesure au cours des étapes de conception et de construction, car la maquette constitue un simple support à l’édification du smart building et n’a vocation qu’à partager des données professionnelles, relatives aux différents intervenants. En revanche, beaucoup plus en phase d’exploitation et maintenance, car la maquette intègre alors des données relatives à l’usage du bâtiment et à ses occupants.

Quels sont les principes de protection des données à caractère personnel dans le bâtiment ?

« La conformité au RGPD implique un plan d’actions global et l’intervention de nombreux acteurs. Ainsi, le directeur immobilier, responsable du site, devrait en premier lieu associer le délégué à la protection des données (DPD) de son entité pour organiser, piloter et mettre en œuvre ce plan d’actions. »

Le DPD a pour mission d’animer un groupe d’experts de différents domaines (informatique, juridique, mais aussi Ressources Humaines), en vue de mettre en œuvre l’ensemble des mesures nécessaires à la mise en conformité avec le RGPD. Celle-ci implique une revue complète des processus en la matière. Il s’agit notamment de recenser les données collectées et leurs usages, pour dessiner une cartographie d’ensemble des « traitements de données » opérés au sein du bâtiment, et de vérifier la légitimité globale des opérations : détermination de leur base légale, caractère loyal et proportionnel des données recueillies (ce qu’on appelle « privacy by default »), durée de conservation limitée et système de purge au-delà, mesures de sécurité et confidentialité, etc. Ce recensement servira à constituer le « registre des activités de traitement » qui représente un élément essentiel de conformité au RGPD.

De surcroît, si le DPD considère qu’un traitement de données est susceptible d’engendrer des risques spécifiques et potentiellement élevés pour les droits et libertés des personnes, il devra en plus effectuer une analyse d’impact relative à la protection des données (AIPD). Ce sera nécessaire, par exemple, en cas de géolocalisation des occupants dans les bâtiments.

 

Quelles obligations en découlent pour les différentes parties prenantes du bâtiment ?

« Le gestionnaire du site a une obligation d’information, voire de recueil du consentement pour certaines applications, auprès des occupants dont il récupère les données, qu’ils soient permanents ou visiteurs. Cette information peut s’effectuer par voie d’affichage dans le bâtiment ou individuellement via un formulaire, sous format papier ou directement sur l’application numérique utilisée. Cette mention détaille les raisons pour lesquelles les données sont collectées, les personnes qui y ont accès, la durée pendant laquelle les données seront conservées, les modalités dans lesquelles les personnes peuvent faire valoir leurs droits (droits d’accès, de rectification, d’opposition, de limitation, de portabilité…). En principe, les institutions représentatives du personnel (IRP) devront être associées en amont du projet, dès lors que le dispositif technique mis en place concerne les salariés. »

Au-delà de l’information, le directeur immobilier va mettre en œuvre des outils et mesures nécessaires pour garantir la sécurité des données et en assurer la confidentialité, via la gestion attentive des accès aux données et des habilitations à les visionner, les mises à jour régulières des logiciels et des antivirus, l’utilisation de mots de passe robustes, le chiffrement, des solutions de pseudonymisation voire d’anonymisation des données, des sauvegardes pour éviter les pertes de données…

Enfin, le gestionnaire du bâtiment est responsable non seulement des données qu’il utilise mais aussi de celles transmises à des prestataires – les « sous-traitants » au sens du RGPD – dans le cadre des services numériques. Sur un plan contractuel, il va devoir valider que les différents intervenants tout au long du cycle de vie du smart building, du bureau d’études au mainteneur, sont tous à même de garantir la protection des données personnelles des occupants et visiteurs.

Le respect de l’ensemble de ces principes doit permettre au directeur immobilier de satisfaire aux principales exigences du RGPD. Vous pouvez être tranquille !

Lorsque le serious game incite vos occupants à devenir consom’acteurs

Élément fondamental de la sobriété et de la transition énergétique, la sensibilisation aux éco-gestes est le premier pas vers le changement de comportement des occupants d’un bâtiment. Le digital offre à cet égard de multiples opportunités aux gestionnaires de bâtiments tertiaires publics et privés pour accompagner le changement dans les comportements des usagers et réussir un programme d’efficacité énergétique s’inscrivant dans une démarche durable. Les solutions sont nombreuses. Zoom sur une approche qui a particulièrement le vent en poupe : le serious game, via une application mobile.

Différentes études réalisées sur l’impact des programmes de sensibilisation en matière de réduction des consommations énergétiques montrent qu’un consommateur averti réduit de 5 à 15 % sa consommation énergétique. Un chiffre particulièrement intéressant pour les organisations publiques comme privées, amenées à maîtriser leurs dépenses énergétiques et réduire leur impact environnemental global depuis la RT 2012 et en anticipation de la RT 2020.

Ce constat a enclenché en 2015 une dynamique partenariale entre ENGIE Lab Singapour et l’Université Technologique de Nanyang à Singapour. Elle a abouti au lancement de l’application PowerZee, serious game qui encourage ses utilisateurs à réduire leur consommation d’énergie en transformant en jeu la chasse au gaspillage.

« Le serious game est un levier très puissant en termes de sensibilisation des publics et de changement des comportements parce qu’il combine trois leviers : la dimension ludique, interactive et participative » met en exergue Jean-Claude Benisti, responsable du projet au Lab CRIGEN d’ENGIE.

De la sensibilisation aux éco-gestes au pilotage de la consommation
Le principe de départ est en apparence simple : en signalant les éco-gestes qu’ils adoptent (éteindre la lumière, utiliser les escaliers, etc.) ou en proposant de nouveaux éco-gestes, les utilisateurs de l’application gagnent des points. Plus ils marquent de points, plus ils améliorent leur empreinte environnementale, en contribuant à la plantation de nouveaux arbres sur l’île de Sumatra en Indonésie via l’association Reforest’Action.

Powerzee

Depuis, l’application s’est étoffée : elle s’est enrichie de la création d’un réseau social permettant aux utilisateurs de signaler, d’échanger et d’évaluer des points d’intérêts en matière de développement durable (alimentation, sport, culture, travail, lieux écologiques). Elle permet également d’organiser des challenges entre plusieurs groupes réunis au sein d’une même communauté et de créer un niveau d’émulation supérieur. Enfin, l’application est enrichie d’une fonction de crowd-sourcing : PowerZee est capable de solliciter les utilisateurs au sujet de la température de la pièce dans laquelle ils se trouvent, permettant aux gestionnaires de bâtiments de régler en conséquence la température de consigne du système de climatisation ou de chauffage et d’améliorer ainsi l’exploitation globale du bâtiment (confort des occupants et consommation d’énergie).

« Nous avons aussi désormais la possibilité de mettre en place un dispositif de suivi par télérelève des consommations (énergies, eau). C’est une option qui permet de suivre le niveau de corrélation entre l’action de sensibilisation aux éco-gestes et ses conséquences concrètes en matière de consommation » précise Jean-Claude Benisti.

Une application déployée dans le cadre d’un CPE
Depuis son lancement en 2015 à Singapour, l’application a fait du chemin. Elle a été déployée en 2017 pour la Ville de Lille auprès des utilisateurs des écoles maternelles et bâtiments techniques ; sur le Campus de Bordeaux en 2018 sous forme de challenge auprès des étudiants et personnels durant 5 mois et également sur le Campus universitaire international de Paris en 2017. Dans ce cas spécifique, la solution PowerZee a été déployée dans le cadre d’un Contrat de Performance Énergétique noué entre la Cité Internationale Universitaire de Paris, l’un de ses partenaires institutionnels, la Caisse Des Dépôts et Consignations, ENGIE Cofely et Vertuoz. « Le choix du client s’est porté sur l’offre ENGIE qui répondait avec PowerZee, à la demande du client d’impliquer les occupants dans la réussite de cette démarche d’efficacité énergétique » note Jean-Claude Benisti.

Découvrez l’application Powerzee en vidéo 

Powerzee

Si l’application a prouvé sa pertinence auprès des acteurs publics, elle intéresse aussi le tertiaire privé – la Business Unit MESCAT (Moyen Orient, Asie du Sud et Centrale et Turquie) d’ENGIE l’a également déployée – et pourquoi pas demain le logement collectif ? Commercialement, la mesure d’un retour sur investissement grâce aux économies générées par les changements de comportement des occupants serait décisive.

« À cet égard, nos clients qui ont choisi de déployer la version la plus complète de l’application, à Bordeaux ou à Paris par exemple, se sont dotés des outils d’évaluation qui permettront au fil du temps d’identifier et d’activer les leviers comportementaux pour renforcer le rôle des occupants dans la réduction de leur propre empreinte carbone et, de fait, de celle des bâtiments qu’ils occupent » conclut Jean-Claude Bénisti.

L’interaction au cœur de la sensibilisation digitale aux éco-gestes

Le serious game n’est qu’une des multiples solutions digitales offertes pour sensibiliser les occupants d’un bâtiment ou groupe de bâtiments aux éco-gestes ou à l’éco-responsabilité. Elles proposent des niveaux d’interactivité et des mécanismes d’incitation plus ou moins développés avec les usagers. Le digital est un moyen d’accompagnement à coût maîtrisé. Pour que cela dure, il faut mettre en place une pédagogie participative qui pallie à la résistance au changement de comportement. L’accompagnement au changement de comportement est l’affaire de tous : des communautés collaboratives, des acteurs naissants comme les assistants à maître d’usage qui vont accompagner les assistants à maîtrise d’ouvrage sous un angle sociologique.

Les gestionnaires de bâtiments publics peuvent par exemple opter pour ÉcoBoard, solution d’affichage proposée par Vertuoz, qui peut être installée dans tous les lieux de passage publics (halls d’accueils, salles de réunion et d’enseignement, de formation, ascenseurs, cafétéria…). Les occupants visualisent sur cette interface web les informations de consommations en continu de leur bâtiment (électricité, chaud, froid, eau, gaz…) et suivent les impacts de leur comportement au quotidien. Les données de consommation sont traduites en équivalences (km parcourus en vélo, en voiture, en train, en nombre de baignoires remplies) pour faciliter leur compréhension. ÉcoBoard propose aussi aux occupants des éco-gestes à réaliser au quotidien afin d’améliorer leurs comportements et permettre des économies d’énergies.

Les gestionnaires de bâtiments d’enseignement ou de collectivités territoriales peuvent également participer au concours Cube 2020 (Concours Usages et Bâtiment Efficace). Depuis juillet 2018, les inscrits profitent dans leurs locaux d’actions de sensibilisation menées sur place pour amener chacun à des comportements éco-responsables. Chaque mois, la consommation des différents bâtiments est collectée sur une plateforme dédiée et comparée à leur consommation historique. Seront récompensés par catégorie les bâtiments qui auront atteint la meilleure performance en termes d’économie d’énergie en actionnant 3 leviers : la rénovation du bâti, l’amélioration de l’exploitation technique et la sensibilité des usagers aux éco-gestes. Rendez-vous en juin prochain pour découvrir les lauréats de la 4è édition.

 

Retrouvez l’application Powerzee sur Google Play et l’App Store.

Vertuoz participe au premier MOOC pour se former au Smart Building

Afin d’accompagner la transition numérique des bâtiments et des territoires, la Smart Buildings Alliance for Smart Cities (SBA) et le Cnam ont collaboré pour donner naissance au 1er MOOC francophone dédié au Smart Building. Les professionnels de la filière pourront ainsi monter en compétence sur les technologies et services associés du Smart Building et de la Smart City pour appréhender toutes les nouvelles notions liées à l’évolution des métiers.

MOOC Smart Building

 

Ce MOOC gratuit est le fruit d’un travail collectif réunissant les expertises métiers de la SBA et expertises scientifiques du Cnam. Il permet à l’ensemble des acteurs de la chaîne de valeur du bâtiment de comprendre les enjeux et les perspectives des nouvelles technologies et des usages émergents pour des bâtiments connectés. L’objectif est d’acquérir un socle technique de base afin de dialoguer avec les experts et de développer son projet de bâtiment intelligent.

Jean-Christophe Bourgeois, Directeur de l’innovation et de l’IOT chez Vertuoz animera au cours de la 3è semaine thématique intitulée Les TIC (les Technologies de l’Information et de la Communication) au service du bâtiment et du territoire, une session sur les bénéfices engendrés par les nouveaux services déployés via les nouvelles technologies auprès des promoteurs, des gestionnaires et des occupants.

Catherine Cousinard, Chief digital officer pour la BU France BtoB chez ENGIE interviendra sur le sujet « l’intérêt des objets connectés dans le bâtiment ».

Ce MOOC se déroule sur 6 semaines du 25 février au 7 avril 2019. Chaque semaine comporte un thème :

  • Enjeux et perspectives du bâtiment connecté et communicant
  • Nouveaux modèles, nouvelles approches
  • Les TIC au service du bâtiment et du territoire
  • Gestion des données et confiance numérique
  • Exemples de mises en œuvre
  • Évolution des métiers liés au Smart Building/ smart territoire

Chacun de ces 6 thèmes sera approfondi par des vidéos de cours exposant une thématique, suivi d’un témoignage d’expert, ainsi que d’un quiz pour faire le point sur ses acquis. Les inscrits auront accès à tous les contenus dès l’ouverture du MOOC et le conserveront après sa fermeture. Pour chaque séquence, des discussions sont ouvertes sur le forum. Un test final QCM permet l’obtention de l’attestation de suivi avec succès.

Notions-clés abordées
💼 Quels métiers émergent au sein de la filière du bâtiment et de la construction ?
🛠 Quel rôle stratégique joue le Smart Building dans la transition écologique et énergétique ?

 

Je m’inscris au MOOC maintenant

Des outils numériques pour optimiser l’énergie des bâtiments publics : l’exemple du SIEL-TE

Parmi les syndicats départementaux d’énergie, le SIEL Territoire d’Énergie de la Loire est l’un des plus innovants en matière de maîtrise des coûts énergétiques. La collectivité a en effet développé différents outils numériques d’avant-garde – notamment ALFRED et PROSPER – au service des 326 communes, des intercommunalités, des établissements et bâtiments publics et para-publics et des bailleurs sociaux de son territoire. L’objectif ? Permettre à ses adhérents de faire des économies en négociant les contrats d’électricité et de gaz, et de planifier des scénarios d’efficacité énergétique pour l’avenir.

 

Évidemment, mieux vaut acheter groupé pour faire baisser les prix de l’énergie des collectivités.

 

« C’est une question de bon sens, confie Christophe Ferragne, directeur adjoint en charge des Collectivités et de la Prospective du Syndicat d’Énergies de la Loire. Et, surtout, l’économie est loin d’être négligeable. Les achats groupés permettent en général de baisser les prix des énergies – électricité et gaz – de 10 %. En clair : quand nos communes adhérentes dépensent 10 millions d’euros en énergie, elles économisent 1 million ! »

ALFRED : un outil innovant au service des achats groupés d’énergie
Le SIEL-TE est précisément chargé d’organiser ces achats groupés. Techniquement, les collaborateurs du syndicat d’énergie de la Loire recueillent les contrats d’abonnement de ses communes adhérentes (avec le nombre de compteurs, les puissances d’énergie et les estimations des consommations), afin de négocier, pour elles, des tarifs avantageux avec les fournisseurs d’énergie. « Ces derniers proposent alors un engagement de prix sur 3 ans, décrit Christophe Ferragne. Pour mieux gérer ensuite les consommations des communes, nos informaticiens ont conçu et développé un outil numérique inédit, ALFRED, adapté aux besoins des collectivités. Chaque mois, nous recevons des milliers de factures que nous vérifions avant de les répercuter à nos adhérents. ALFRED nous permet de contrôler l’ensemble des flux de données partagés avec les fournisseurs d’énergie. Nous pouvons ainsi identifier de possibles dysfonctionnements de relève ou de facturation. Les communes sont donc certaines de régler leurs consommations réelles, en fonction des dispositions de leur contrat. » Et ce n’est pas tout, parce qu’ALFRED suit en plus les dépenses d’énergie de chaque bâtiment public, ce qui permet d’anticiper les budgets de fonctionnement des collectivités, d’ajuster les abonnements d’électricité en fonction des puissances réelles et d’identifier des pistes d’actions d’économie d’énergie.

 

Télégestion, objets connectés et CPE pour maîtriser les consommations au quotidien
Le Syndicat d’Énergies de la Loire dispose d’autres outils innovants pour piloter les consommations d’énergie des bâtiments publics. « Nous proposons par exemple à nos adhérents un service de télégestion énergétique, rapporte Christophe Ferragne. À distance, un élu, un technicien ou l’exploitant du bâtiment peuvent commander les systèmes de chauffage, de climatisation, de ventilation, ou d’éclairage en fonction de l’occupation, pour apporter tout le confort nécessaire tout en limitant les dépenses. » Le SIEL-TE installe aussi des objets connectés – des capteurs – sur tous les équipements techniques dont il assure la gestion, afin de remonter des données sur leur fonctionnement et alerter si nécessaire la personne en charge du bâtiment : température dans une salle du Conseil municipal, qualité de l’air dans une classe d’école…

« Depuis plusieurs années, nous avons également recours à des Contrats de Performance Énergétique, indique Christophe Ferragne. Nous en avons déjà souscrit cinq, avec des opérateurs qui s’engagent sur un objectif d’efficacité énergétique, dont le premier en France pour un bâtiment public : le Musée d’Art moderne de Saint-Étienne Métropole. »

 

En route vers les économies d’énergie du futur !
Le SIEL innove également pour l’avenir. Grâce à son outil prospectif en ligne PROSPER, il conjugue l’efficacité énergétique des bâtiments publics au présent et au futur. PROSPER permet en effet aux élus locaux d’élaborer des scénarios énergétiques à l’horizon 2020, 2030 ou 2050 sur les territoires communaux et intercommunaux. Sur le principe, l’outil permet de proposer des priorités d’actions en matière d’amélioration thermique des bâtiments ou de production locale d’énergie à partir de données réelles (consommations d’énergie, capacité des réseaux…) et statistiques. La base de PROSPER a identifié en tout quelques 120 solutions d’optimisation de l’énergie. « Aujourd’hui, PROSPER est devenu un véritable outil de décision politique, en lien avec la transition énergétique, juge Christophe Ferragne. Il a même été adopté par d’autres départements et se développe dans toute la France. Nous sommes fiers d’avoir contribué à sa mise au point. »

 

Le SIEL-TE et ses missions
Créé en 1950 dans le but d’électrifier le département de la Loire, le Syndicat Intercommunal d’Énergies de la Loire (SIEL) regroupe toutes les communes de la Loire, ainsi que 27 intercommunalités et le Conseil départemental. Il est propriétaire des réseaux de distribution publique d’électricité et de gaz pour le compte d’Enedis et de GrDF. Le SIEL-TE réalise notamment des travaux d’extension et d’enfouissement des réseaux en zones rurales. Il conseille et soutient également les petites communes qui n’ont pas de service technique.

D’autres compétences se sont ajoutées depuis 1950 :
– La gestion de l’éclairage public pour 300 communes.
– La transition énergétique pour les bâtiments publics et la maîtrise d’ouvrage dédiée aux énergies renouvelables : une cinquantaine de chaudières bois avec ou sans réseau d’énergie, une centaine d’installations photovoltaïques…

Depuis 2015, le SIEL-TE installe par ailleurs un réseau public de fibre optique très haut débit sur 277 communes [programme THD42]. C’est unique en France et c’est le plus important chantier public sur le département de la Loire.

Le smart building, pierre angulaire de la ville intelligente et durable

Les collectivités, petites et grandes, se sont emparées du concept de smart city, dans l’objectif de développer leur attractivité et de limiter leur empreinte carbone. Ce concept est encore parfois flou, même si les collectivités l’associent au développement de nouveaux services performants dans les domaines de l’énergie et des déchets, des transports et des déplacements, ou de l’éclairage public. Mais rarement, le bâtiment est présent dans l’évolution vers la smart city alors qu’il en est le cœur, comme l’affirme Emmanuel François, président de la Smart Building Alliance (SBA).

Quand on évoque le bâtiment intelligent, de quoi parle-t-on ? « Revenons à l’étymologie du mot « intelligent », suggère Emmanuel François. Le préfixe « inter- » signifie « ensemble » et le radical « -legere » pourrait se traduire par « réunir » : réunir ensemble ! L’image est juste. Communicant et connecté, le bâtiment intelligent « réunit ensemble » l’humain et son environnement, le citoyen et la ville. » En quelques années, le bâtiment est passé d’édifice isolé, équipé d’automatismes liés à des fonctionnalités comme le chauffage ou l’éclairage, au bâtiment cognitif, capable de s’adapter à son usager et interconnecté aux autres bâtiments, grâce, notamment, à « l’intelligence » artificielle. « Pourtant, le bâtiment reste trop souvent exclu des démarches smart city, contrairement à la mobilité par exemple, regrette Emmanuel François. Cela s’explique : les voies appartiennent à la ville, pas les bâtiments, qui sont pour la plupart des propriétés privées. »

Manifeste de la SBA

Le bâtiment au cœur des problématiques énergétiques urbaines
Et pourtant ! Le bâtiment intelligent a tellement à offrir à la ville de demain. Parmi les défis qu’auront à relever les smart cities, l’enjeu énergétique est en première ligne et cet enjeu est intimement lié aux bâtiments. Les villes sont responsables de 70 % des émissions de gaz à effet de serre et 45 % des dépenses énergétiques sont dues aux bâtiments, le résidentiel en particulier.

« Sans action sur l’immobilier, les villes auront perdu leur bataille contre le réchauffement climatique, martèle Emmanuel François. L’énergie va motiver le déploiement du numérique dans le bâtiment et la ville, en particulier pour assurer un pilotage fin des consommations énergétiques au plus près des usages. »

Le bâtiment régulateur des pics électriques dans les villes
Autre enjeu incontournable de la ville de demain : la mobilité électrique. Dès 2025, 3,3 millions de véhicules électriques devraient circuler sur les routes françaises, selon la CRE. À raison de 100 kW par véhicule, les besoins en électricité seront colossaux : 330 gigawatts ! L’équivalent de la production d’une centaine de tranches nucléaires si tous les véhicules électriques se rechargeaient en même temps. « Pour équilibrer les consommations électriques, les bâtiments devront être équipés de pilotage intelligent, qui gère les usages, entre le fonctionnement du lave-linge et la recharge du véhicule, en toute connaissance de cause, conseille Emmanuel François. Les interconnexions entre le bâtiment et les véhicules électriques permettront de lisser les pics d’énergie. Bientôt, les immeubles seront à énergie positive. Ils deviendront des centrales productrices d’énergie renouvelable tandis que les batteries des véhicules serviront au stockage. Là encore un pilotage sera nécessaire, entre la production et le stockage et entre le stockage et la consommation d’électricité. » Un projet européen, ELSA, a déjà parié sur l’utilisation d’anciennes batteries de véhicules électriques pour servir au stockage d’électricité renouvelable dans six bâtiments pilotes. Outre le déploiement prévu d’une unité de stockage dans le tertiaire ou le résidentiel, le projet teste le pilotage des flux d’énergie entre les différentes infrastructures.

Le bâtiment pour rapprocher l’occupant de ses usages dans la smart-city
En 120 ans, depuis le début du 20è siècle, la population mondiale est passée de moins de 2 milliards d’habitants à près de 8 milliards. « Dans le même temps, le bâtiment n’a quasiment pas évolué, note Emmanuel François. Or, parce qu’il est mono-usage – logement, bureaux, éducation, commerce, santé… -, le bâtiment est largement sous-utilisé. » Si les espaces dans les bâtiments variaient en effet leurs usages au fil des journées (par exemple, 6h en salle de cours, puis 2h pour la restauration, ensuite 4h pour un temps de cinéma, enfin 12h pour le logement), la ville serait plus durable. « Imaginez : nous aurions besoin de moins d’espace foncier, de moins de matériaux pour construire, de moins d’énergie pour chauffer ou pour se déplacer ! » Et grâce aux plateformes d’optimisation des espaces, les citoyens seraient informés sur les espaces à leur disposition pour travailler (flex-office), pour se loger (flex-living) ou encore pour acheter. Le commerce éphémère de proximité dans les immeubles en ville permettrait de rééquilibrer l’espace urbain. Fini les boutiques de luxe en centre-ville et les supermarchés en périphérie. Grâce aux nouvelles technologies, les habitants seraient informés d’une vente de produits proche d’eux, afin de rationaliser leurs déplacements. Tout le monde serait gagnant !

« Une autre vision de la ville est donc possible. Une ville qui réunit, plus durable, au service de ses habitants, conclut Emmanuel François, mais à une condition : les bâtiments intelligents devront être modulaires, interconnectés à leur quartier et adaptés aux nouveaux usages. Notre planète atteint ses limites. Il va donc falloir transformer nos villes à 180 °. Les bâtiments intelligents vont nous y aider. Le numérique est, dans cette perspective, une réelle opportunité dont il faut se servir ! »